La Chine et la Russie ont bloqué vendredi une déclaration du Conseil de sécurité visant à exprimer sa préoccupation face à la situation dans l'État Rakhine en Birmanie, où les Rohingyas ont subi des exactions, selon des diplomates.

L'armée birmane a mené une campagne de quatre mois contre cette minorité musulmane dans cet État de l'ouest du pays, qui a abouti, selon des enquêteurs de l'ONU, à un «nettoyage ethnique» et «très probablement» à des crimes contre l'humanité.

L'ambassadeur britannique auprès des Nations unies, Matthew Rycroft, a expliqué aux journalistes qu'«aucun consensus n'a été obtenu dans la salle» pour une déclaration qu'il a qualifiée de «relativement a minima».

Selon des diplomates, la Chine et la Russie s'y sont opposées. Mais les missions diplomatiques de ces deux pays n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

La déclaration proposée par le Royaume-Uni «constatait avec préoccupation une reprise des combats en certaines régions du pays et soulignait l'importance d'ouvrir l'accès humanitaire à toutes les zones».

«Nous soutenons le processus de paix et sommes l'un des plus gros donateurs humanitaires bilatéraux, y compris dans l'État Rakhine», a ajouté l'ambassadeur britannique, dont le pays tient la présidence du Conseil de sécurité ce mois-ci.

Cette déclaration aurait pu mener à d'autres initiatives du Conseil. Le blocage par Moscou et Pékin a donc été interprété comme un signal clair de leur volonté que la Birmanie ne figure pas à l'agenda.

Traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste, les quelques 1,1 million de Rohingyas sont apatrides même si certains vivent dans ce pays depuis des générations.

Rapportant des récits de meurtres, de viols en réunion et de tortures commis par les soldats birmans, des dizaines de milliers de Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh.