Le président philippin Rodrigo Duterte a annoncé qu'il avait demandé à la Chine de participer à des patrouilles maritimes au sud de l'archipel pour lutter contre les actes de piraterie commis par des groupes islamistes.

M. Duterte a expliqué mardi soir qu'il espérait que Pékin dépêche des bateaux dans la zone, comme elle l'avait fait en 2009 dans le Golfe d'Aden pour protéger les bateaux chinois des pirates somaliens.

«J'ai demandé à la Chine si elle pouvait envoyer des patrouilles dans les eaux internationales sans nécessairement entrer dans les eaux territoriales des pays» de la zone, a-t-il dit lors d'un discours devant des officiers philippins venant juste d'être promus généraux.

«Les bateaux gris ne sont pas vraiment nécessaires», a-t-il ajouté, dans une référence vraisemblable aux navires militaires. «Des navires des garde-côtes iraient très bien, comme ils l'ont fait en Somalie».

Les Philippines accusent régulièrement des groupes islamistes de tenter d'établir dans le sud de l'archipel un «Etat» sur le modèle du califat créé par l'organisation Etat islamique en Syrie et en Irak.

En appelant la Chine à l'aide, plutôt que l'allié traditionnel américain, M. Duterte semble confirmer la réorientation radicale opérée par la diplomatie philippine depuis son investiture fin juin.

La multiplication des enlèvements aux confins des Philippines, de la Malaisie et de l'Indonésie, une zone où sévit notamment le groupe Abou Sayyaf, a conduit les trois pays à renforcer leur coopération militaire.

Le premier ministre malaisien Najib Razak a récemment annoncé que M. Duterte avait accepté que les forces indonésiennes et malaisiennes pourchassent dans les eaux philippines les ravisseurs présumés agissant à l'intérieur de leur territoire.

S'il a prêté serment au groupe Etat islamique, Abou Sayyaf est aujourd'hui spécialisé dans les enlèvements crapuleux.

Le Bureau maritime international (BMI) a annoncé en janvier que les enlèvements en mer avaient atteint en 2016 un plus haut depuis dix ans, les eaux séparant le sud des Philippines et la Malaisie devenant de plus en plus dangereuses.

«L'enlèvement d'équipages de navires marchands dans la mer de Sulu et leur transfert dans le sud des Philippines représente une augmentation notable dans les attaques», a observé le BMI, recommandant aux armateurs d'éviter la mer de Sulu, située entre l'est de la Malaisie et le sud des Philippines, et de passer par l'ouest de l'île de Bornéo.