Les autorités taïwanaises se sont élevées jeudi contre «l'étroitesse d'esprit» de la Chine, après que Pékin a demandé à Washington de ne pas permettre à l'île d'assister à la cérémonie d'investiture de Donald Trump.

L'ex-premier ministre taïwanais Yu Shyi-kun conduira vendredi la délégation taïwanaise à Washington pour la prestation de serment du nouveau président américain.

Mais la Chine a demandé aux États-Unis de refuser la présence à cette cérémonie de représentants d'une île qu'elle considère comme une province rebelle appelée à rentrer un jour, si besoin par la force, dans le giron de Pékin.

«Nous exhortons à nouveau le camp américain à ne pas autoriser une délégation officielle taïwanaise à assister à la cérémonie d'investiture du président et à ne pas entretenir de contacts officiels avec Taïwan», a déclaré jeudi à la presse la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.

Un commentaire qui s'est attiré une réponse cinglante de Yu Shyi-kun.

«Ne soyez pas aussi petits», a déclaré selon l'agence officielle taïwanaise ce représentant du Parti démocratique progressiste (PDP) au pouvoir, hostile à Pékin.

«On n'a jamais vu dans aucune dynastie chinoise de dirigeants avec une telle étroitesse d'esprit», a-t-il dit en référence à l'équipe du président chinois Xi Jinping.

L'élection de Donald Trump en novembre a contribué à crisper les relations entre Pékin et Taipei, qui avaient déjà été refroidies par l'élection l'an passé à la présidence taiwanaise de Tsai Ing-wen, issue du PDP.

Taïwan est coupé politiquement du reste de la Chine depuis la fin de la guerre civile en 1949. Le territoire se gouverne seul, mais n'est pas reconnu par l'ONU.

Pékin s'alarme de l'arrivée à la Maison-Blanche de Donald Trump. Le bouillant milliardaire avait début décembre rompu avec quatre décennies de politique américaine en prenant un appel téléphonique de Mme Tsaï.

La Chine interdit à tout pays avec lequel elle a des relations diplomatiques d'en avoir simultanément avec Taïwan: c'est le principe de la «Chine unique».

Mi-décembre, M. Trump avait déjà menacé de ne plus reconnaître ce principe, pourtant respecté par les États-Unis depuis 1979, lorsque Washington avait coupé ses liens officiels avec Taïwan.

Ce ne sera pas la première fois qu'une délégation taïwanaise est présente à l'investiture du nouveau président américain. Cette délégation n'a cependant jamais été conduite par le président taïwanais.

La Chine a récemment intensifié ses manoeuvres militaires près de Taïwan, dans ce qui a été interprété comme une démonstration de force face à l'île.