L'Inde a annoncé jeudi l'expulsion d'un employé de l'ambassade du Pakistan à New Delhi pour «espionnage» et le Pakistan a répondu en annonçant sa volonté d'expulser à son tour un diplomate indien.

Ces échanges interviennent dans une période de vive tension entre les deux frères ennemis voisins autour de la région contestée du Cachemire.

Mehmood Akhtar, employé du service des visas de l'ambassade pakistanaise, a été interpellé mercredi au zoo de New Delhi avec deux complices présumés, a annoncé la police indienne.

Il est soupçonné d'avoir acheté des documents à des Indiens contre rémunération pour le compte de l'ISI, puissante agence de renseignements militaire pakistanaise.

Le suspect «a été interpellé littéralement la main dans le sac, en train d'accepter des documents sensibles en lien avec la sécurité nationale», a indiqué le porte-parole des Affaires étrangères indien Vikas Swarup.

Lors de son interpellation, le Pakistanais se trouvait notamment en possession de cartes sur les déploiements de troupes indiennes à la frontière, a affirmé la police.

Les conspirateurs présumés «se rencontraient une fois par mois à un emplacement pré-déterminé où ils échangeaient des documents et de l'argent», a déclaré à la presse Ravindra Yadav, un responsable de la police de New Delhi.

Interrogé puis relâché en raison de son statut diplomatique, M. Akhtar s'est vu signifier une injonction de quitter le territoire sous 48 heures. Les deux ressortissants indiens ont été placés en détention.

L'intéressé «a été recruté par l'ISI il y a trois ans», selon M. Yadav. Muté à l'ambassade en Inde il y a deux ans et demi, il avait été «délibérément affecté au département des visas pour pouvoir y recruter des Indiens ordinaires visitant l'ambassade pour obtenir leur visa», a-t-il dit.

L'ambassade pakistanaise a dénoncé des «accusations fausses et infondées» visant son employé et a condamné son arrestation, qui constitue selon elle une violation des conventions internationales protégeant les diplomates.

Quelques heures plus tard, le ministère des Affaires étrangères du Pakistan a annoncé avoir convoqué l'ambassadeur de l'Inde afin de l'informer qu'Islamabad allait expulser à son tour un diplomate indien, Surjeet Singh, accusé d'activités impropres.

Plus de Bollywood au Pakistan 

Les tensions entre les deux puissances nucléaires se sont envenimées depuis un mois et demi autour de la région himalayenne du Cachemire, qu'elles revendiquent toutes deux depuis la Partition de 1947.

L'attaque mi-septembre d'une base militaire indienne par des rebelles a coûté la vie à 19 soldats, plus lourde attaque dans la région depuis plus d'une décennie.

Une dizaine de jours plus tard, l'Inde a annoncé avoir mené des raids de l'autre côté de la frontière de facto au Cachemire, une version démentie par le Pakistan.

La ligne de démarcation au Cachemire est ces derniers temps le théâtre quasi-quotidien de tirs transfrontaliers, parfois meurtriers.

Un militaire indien a succombé jeudi aux blessures reçues lors d'échanges de tirs avec des militaires pakistanais.

Un soldat «est mort aujourd'hui de ses blessures provoquées par des éclats qu'il a reçus lors d'un échange de feu transfrontalier avec le Pakistan», a déclaré à l'AFP Manoj Kumar, un officier de la force de sécurisation des frontières de l'Inde.

Mais la confrontation Inde-Pakistan ne se limite pas au Cachemire. Descendue des montagnes de l'Himalaya, elle s'est même immiscée dans le domaine de la culture et du spectacle.

Ainsi, le Pakistan a interdit la diffusion des films et émissions indiennes, dont le public pakistanais est pourtant friand, sur les chaînes de télévision et de radio

Et à Bombay, centre de l'usine à rêves de Bollywood, les producteurs indiens se sont engagés de leur côté, sous la pression d'extrémistes hindous, à ne plus faire figurer d'acteurs pakistanais dans leurs films.