Le président philippin Rodrigo Duterte a déclaré être disposé à des exercices militaires conjoints avec la Chine et la Russie, et répété qu'il n'y aurait plus de jeux de guerre avec les États-Unis.

Le controversé président philippin s'exprimait lors d'un entretien avec la chaîne hongkongaise Phoenix Television avant une visite de quatre jours à Pékin visant à améliorer des relations bilatérales dégradées par les prétentions contradictoires de Manille et Pékin en mer de Chine méridionale.

Comme on lui demandait s'il envisageait des exercices militaires conjoints avec la Chine et la Russie, il a répondu : «Oui, je l'envisage. J'ai donné suffisamment de temps aux Américains pour jouer avec les soldats philippins».

Il a également répété qu'il ne permettrait plus d'exercices conjoints avec les États-Unis, principal allié en matière de défense et fournisseur d'équipements militaires des Philippines.

Des exercices américano-philippins qui se sont achevés la semaine dernière «seront les derniers. C'est programmé. Je ne veux pas que mes soldats soient humiliés», a-t-il ajouté.

Depuis son entrée en fonctions fin juin, M. Duterte s'emploie à modifier radicalement la politique étrangère de son pays pour le tourner vers la Chine et la Russie au détriment de Washington, son allié traditionnel.

Irrité par les critiques américaines contre sa guerre antidrogue meurtrière, il a loué Pékin et Moscou qui lui ont témoigné du «respect», selon lui.

Rodrigo Duterte, qui agit par pur pragmatisme selon la plupart des analystes, répète à l'envi que les États-Unis sont une puissance sur le déclin.

M. Duterte sera accompagné pour sa visite qui commence mardi par des centaines d'hommes d'affaires. D'après les médias philippins, des accords pesant des milliards de dollars devraient être annoncés à cette occasion.

Le président philippin a ajouté qu'il chercherait à acquérir du matériel militaire chinois - «pas en (grande) quantité» -  ainsi que des vedettes rapides pour combattre le «terrorisme».

Les relations bilatérales s'étaient aggravées sous le règne du prédécesseur de M. Duterte, Benigno Aquino, qui avait autorisé le renforcement de la présence militaire américaine dans l'archipel. Il avait contesté devant un tribunal international les prétentions chinoises en mer de Chine méridionale et celui-ci lui avait donné raison en juillet, un jugement rejeté par Pékin.

M. Duterte a déclaré qu'il n'entendait pas utiliser cette décision de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye pour faire pression sur Pékin.