La première manifestation pour l'indépendance à Hong Kong a rassemblé des milliers de personnes vendredi, dont des candidats interdits aux élections législatives de septembre, car ils prônent une rupture avec la Chine, a constaté l'AFP.

Les autorités hongkongaises considèrent en effet que militer pour l'indépendance est contraire aux lois en vigueur dans cette ancienne colonie britannique, un territoire semi-autonome sur lequel bon nombre d'habitants ont l'impression que Pékin durcit sa mainmise.

Les manifestants, de tous âges, s'étaient réunis vendredi soir dans un parc près du siège du gouvernement, certains arborant des pancartes « Indépendance de Hong Kong ».

Edward Leung, l'un des cinq candidats interdits d'élections et chef du parti « Hong Kong Indigenous », a été applaudi par la foule lorsqu'il a pris la parole.

« La souveraineté de Hong Kong n'appartient pas à Xi Jinping (le président chinois), n'appartient pas aux autorités et n'appartient pas au gouvernement de Hong Kong. Elle appartient au peuple de Hong Kong », a-t-il lancé.

Edward Leung, qui n'a que 25 ans, a annoncé mardi qu'il s'était vu exclure des prochaines législatives bien qu'il ait accepté, dans l'espoir que sa candidature soit validée, de signer un formulaire controversé stipulant que Hong Kong est une partie « inaliénable » de la Chine.

Andy Chan, fondateur en mars dernier du Parti national de Hong Kong, une formation également indépendantiste et qui a lui aussi a vu sa candidature rejetée, a de son côté crié « Indépendance pour Hong Kong ! », un slogan ensuite repris par les manifestants.

Le jeune homme a expliqué à l'AFP que lui et ses camarades rejetaient désormais toute action violente, car « nous ne voulons pas que des gens soient blessés ou arrêtés », prônant les « rassemblements publics » comme celui de vendredi dont il a dit espérer qu'ils les rendraient « plus forts ».

Une manifestante âgée de 49 ans, Satomi Cheng, a quant à elle souligné que de nombreux Hongkongais étaient mécontents de l'emprise grandissante de la Chine.

« Jour après jour, nos droits (...) nous sont enlevés par le gouvernement de Hong Kong et le gouvernement chinois », a-t-elle dit à l'AFP.

L'idée d'indépendance est considérée comme illégale tant par les autorités de Pékin et que de l'ex-colonie britannique, et était encore taboue jusqu'à l'émergence récente de nouveaux partis appelant à une rupture.

Ces mouvements ont été constitués à l'initiative de jeunes déçus de la « révolte des parapluies », une immense mobilisation en faveur de la démocratie qui avait agité Hong Kong en 2014, mais avait échoué dans sa tentative d'obtenir des concessions de la Chine en matière de réformes politiques.

Et si l'interdiction des candidats favorables à l'indépendance a provoqué la colère de leurs partisans, Jasper Tsang, le président sortant de l'assemblée de la ville, a répété devant la presse que cette mesure était légale.

Hong Kong bénéficie depuis sa rétrocession en 1997 à la Chine par la Grande-Bretagne d'un régime de « large autonomie » et jouit théoriquement jusqu'en 2047 de libertés inconnues ailleurs en Chine.