Pyongyang a menacé lundi de lancer une «action physique» contre un système antimissile américain qui doit être déployé en Corée du Sud et annoncé la rupture d'un des derniers canaux de communication encore existants avec Washington en raison de sanctions contre son dirigeant.

Les États-Unis ont placé la semaine dernière Kim Jong-Un sur une liste noire de personnes sanctionnées en invoquant de graves violations des droits de l'Homme, ce que Pyongyang avait assimilé à une «déclaration de guerre».

Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a informé Washington qu'il allait cesser toutes les communications avec le gouvernement américain par l'intermédiaire de la mission nord-coréenne au siège des Nations unies à New York, selon l'agence officielle KCNA.

«Nous (les avons) informés que nous allons mettre un coup d'arrêt total aux communications officielles via New York», ajoute KCNA, ajoutant que les questions bilatérales seront désormais traitées conformément au droit en temps de guerre.

Le bureau de la Corée du Nord à l'ONU servait depuis longtemps à des discussions officielles et informelles avec Washington, y compris des pourparlers qui avaient eu lieu sur l'arrêt du programme nucléaire nord-coréen.

Pyongyang a également réagi avec virulence à l'annonce par les États-Unis et la Corée du Sud du déploiement en territoire sud-coréen du bouclier antimissiles THAAD (Terminal High Altitude Area Defence), parmi les plus sophistiqués du monde.

Les deux alliés n'ont pas précisé la date ni le lieu prévu de ce déploiement mais ont souligné qu'ils en étaient à la phase finale de la sélection.

Le système THAAD tire des missiles conçus pour intercepter et détruire des missiles balistiques alors qu'ils sont encore juste à l'extérieur de l'atmosphère ou bien qu'ils viennent d'y entrer, durant leur dernière phase de vol.

«La République populaire démocratique de Corée (nom officiel de la Corée du Nord) engagera une action physique pour contrôler entièrement le système THAAD», a annoncé l'armée du Nord.

Les forces nord-coréennes disposent «de moyens suffisants et sophistiqués de frappe offensive» et prendront «les mesures correspondantes les plus impitoyables et les plus puissantes contre les États-Unis, qui veulent déclencher une guerre en déployant le système THAAD».

Déploiement «purement défensif»

Le ministère sud-coréen de la Défense a dénoncé des «menaces ridicules». Le Nord doit «reconnaître qu'il menace la paix et la stabilité sur la péninsule et présenter ses excuses pour ses provocations», selon un porte-parole.

Depuis le quatrième essai nucléaire nord-coréen du 6 janvier, suivi le 7 février par un tir de fusée généralement considéré comme un essai de missile balistique déguisé, les tensions ne cessent de s'aggraver sur la péninsule.

Alors que les résolutions de l'ONU lui interdisent tout programme nucléaire ou balistique, la Corée du Nord progresse, selon les experts, dans ses efforts pour mettre au point un missile intercontinental (ICBM) capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain.

Samedi, Pyongyang a annoncé avoir testé un missile balistique lancé par sous-marin, s'attirant de nouvelles critiques internationales. Le 22 juin, elle avait tiré deux missiles de moyenne portée Musudan, capable en théorie de toucher les bases américaines sur l'île de Guam, dans le Pacifique.

L'annonce du déploiement du bouclier antimissile ne fait pas l'unanimité en Corée du Sud. Les habitants des sites potentiels de déploiement ont organisé des manifestations pour protester contre le projet.

Samedi, plus de 3500 habitants du comté de Chilgok, dans le sud-est, se sont rassemblés pour dénoncer la décision, disant que la région stagnait depuis le déploiement de troupes américaines en 1960.

Ce projet a également suscité l'ire de Pékin, principal allié de la Corée du Nord, et de la Russie, qui reprochent à Washington sa volonté de montrer ses muscles dans la région et de mettre en péril la sécurité régionale.

La présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a défendu un déploiement «purement défensif» destiné à protéger son territoire.

Près de 30 000 soldats américains sont déployés en Corée du Sud, héritage de la guerre de Corée (1950-53) qui a pris fin avec un cessez-le-feu et non un traité de paix.