La Corée du Nord a effectué samedi un tir d'essai d'un missile balistique lancé par sous-marin (SLBM), a affirmé la Corée du Sud, au lendemain de l'annonce par Washington et Séoul du déploiement d'un système de défense antimissile avancé dans le Sud.

Apparemment, le lancement a été un succès mais le missile a ensuite explosé en vol, a déclaré le ministère sud-coréen de la Défense dans un communiqué.

«Le Nord a lancé ce que l'on croit être un SLBM depuis des eaux situées au large du port de Sinpo (sur sa côte orientale, NDLR), vers 11 h 30 (22 h 30 heure de l'Est)», a précisé le ministère sud-coréen dans un communiqué.

Le missile, a expliqué l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, lancé depuis un sous-marin de 2000 tonnes de classe Sinpo, a atteint une altitude de 10 000 mètres avant d'exploser en plein vol.

Le centre de commandement stratégique américain a repéré le missile au-dessus de la mer du Japon où il s'est apparemment abîmé.

Pyongyang avait déjà testé un SLBM le 23 avril dernier. Kim Jong-Un, qui l'avait qualifié de «succès révélateur», avait alors affirmé être désormais en mesure de frapper Séoul et les États-Unis.

«La Corée du Nord n'a de cesse de violer les résolutions de l'ONU en lançant continuellement des missiles balistiques», a condamné le ministère de la Défense sud-coréen.

La tension monte depuis que Pyongyang a effectué en janvier dernier son quatrième essai nucléaire, suivi par une série de tirs de missiles qui, selon les experts, démontrent que le pays progresse vers la capacité de frapper les États-Unis.

Le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Curtis Scaparrotti, a estimé que les derniers développements indiquaient que la Corée du Nord faisait des progrès dans le domaine balistique.

«Ce que je pense est que Kim Jung-Un et son régime continuent de tester et de perfectionner leur capacité balistique, s'améliorent à chaque tir et trouvent les solutions à leurs problèmes», a-t-il déclaré lors du sommet de l'OTAN à Varsovie.

«Maintenant ils lancent un missile, la variante Musudan, qui a une portée régionale, et cette expérience va leur permettre de parfaire leur capacité en matière de missiles balistiques intercontinentaux, donc cela représente une grande menace» a-t-il ajouté.

Le commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord a cependant affirmé que ce tir ne représentait pas de menace pour les États-Unis.

«Nous condamnons fermement cet essai ainsi que tous ceux récemment effectués par la Corée du Nord, en violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui interdit explicitement le lancement par la Corée du Nord de missiles balistiques», a déclaré le porte-parole du Pentagone Gary Ross.

«Ce tir de missile ne constitue en rien une menace qui affecterait la sécurité nationale du Japon», a également temporisé le premier ministre japonais Shinzo Abe sur la chaîne publique NHK.

«Déclaration de guerre»

Ce nouvel essai intervient au lendemain de l'annonce par Washington et Séoul du déploiement en Corée du Sud de l'un des systèmes de défense antimissile les plus perfectionnés du monde, le système THAAD (Terminal High Altitude Area Defence).

Une batterie THAAD est déjà disposée sur l'île américaine de Guam, dans le Pacifique, et le Japon envisage aussi de se doter de ce système.

Le plan de déploiement de ce système en Corée du Sud a suscité la colère de la Chine et de la Russie.

Ce déploiement a été annoncé après que les États-Unis ont placé pour la première fois mercredi M. Kim sur leur liste noire des sanctions, l'accusant d'être directement responsable de nombreuses violations des droits de l'homme.

Pyongyang a répliqué vendredi en avertissant Washington que la Corée du Nord couperait tous les canaux diplomatiques avec les États-Unis si ces sanctions n'étaient pas levées.

Le ministère nord-coréen des Affaires étrangères a déclaré que les sanctions de Washington contre Kim Jong-Un manifestaient «la pire hostilité» et équivalaient à une «déclaration ouverte de guerre».

Le ministère a promis que Pyongyang prendrait «les contre-mesures les plus dures pour briser résolument l'hostilité des États-Unis». Il a ajouté que les problèmes qui se poseraient dans les relations avec les États-Unis seraient désormais traités selon «le droit du temps de guerre».