Le gouvernement chinois, qui revendique le contrôle de la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, montre ses muscles en lançant un exercice militaire de grande envergure dans cette zone convoitée.

La télévision d'État a indiqué notamment que des destroyers et une frégate prenaient part aux opérations, qui ont débuté hier matin. Elles doivent se dérouler pendant une semaine dans une zone de 100 000 kilomètres carrés autour des îles Paracels, archipel également revendiqué par le Viêtnam.

L'exercice doit se terminer dans une semaine, à la veille d'une décision attendue de la Cour permanente d'arbitrage de La Haye. Le tribunal doit se prononcer relativement aux revendications des Philippines sur un autre archipel situé en mer de Chine méridionale, les îles Spratleys, que Pékin réclame également.

Bill Hayton, auteur rattaché à l'institut londonien Chatham House, pense que Pékin sait déjà que le jugement lui sera largement défavorable.

Les opérations militaires, dit-il, semblent surtout destinées à « mettre un peu de baume sur l'estime de soi collective » de la population chinoise, qui se fait régulièrement rappeler par le régime l'importance de ses visées territoriales.

« Il est autant sinon plus question d'autothérapie que d'une tentative d'impressionner » les autres pays ayant des revendications sur la zone, réputée riche en hydrocarbures, avance  Bill Hayton de Chatham House.

Pékin a entrepris au fil des ans de construire des installations militaires sur plusieurs îles réparties en mer de Chine méridionale et lance régulièrement des avertissements aux navires et avions de pays étrangers qui circulent dans la région.

PRÉSENCE MILITAIRE AMÉRICAINE

Les États-Unis, qui ont une entente de collaboration militaire avec les Philippines, affirment de leur côté qu'ils ne laisseront pas la Chine imposer ses diktats et entraver la libre circulation. La marine américaine a d'ailleurs effectué plusieurs passages contrevenant aux prétentions territoriales de Pékin, suscitant la colère des autorités chinoises.

La cause entendue à La Haye est présentée par le régime comme un stratagème de Washington pour freiner son rayonnement.

Hier, le Global Times, un quotidien chinois qui sert de porte-voix au régime, a déclaré que le pays devrait être prêt à « toute confrontation militaire » avec les États-Unis en mer de Chine méridionale.

Nombre d'analystes jugent que le pays, malgré ses progrès sur le plan militaire, ne dispose pas des ressources requises pour affronter avec succès la marine américaine.

Selon l'Agence France-Presse, le Global Times a reconnu la situation à mots couverts hier en relevant que la Chine devait être capable de faire « payer un coût impossible » aux États-Unis en cas d'intervention, même si le pays « ne peut rivaliser avec l'armée américaine sur le court terme ».

TENSIONS ENTRE PÉKIN ET TOKYO

Le régime chinois est aussi à couteaux tirés avec le Japon relativement au contrôle d'îles, situées plus au nord, en mer de Chine orientale.

Pékin a déclaré que Tokyo avait mené une action « provocatrice » le 17 juin dernier lors d'un accrochage dans la zone entre des jets des deux pays. Les appareils japonais, selon le compte rendu officiel du ministère de la Défense, auraient eu en ligne de mire les appareils chinois et ont, par leurs actions, « détruit la paix et la stabilité régionale ».

Le gouvernement japonais a nié de son côté que ses pilotes aient adopté une approche agressive de ce type.

Selon le Christian Science Monitor, Tokyo est convaincu que la pression militaire croissante de la Chine à son encontre est une mesure de rétorsion à l'appui donné aux autres États ayant des revendications en mer de Chine méridionale.