Un haut responsable chinois s'est engagé mardi à écouter les demandes politiques des Hongkongais, au premier jour d'une visite sous haute tension dans l'ex-colonie britannique, où le durcissement de la mainmise de Pékin est de plus en plus mal vécu.

Numéro trois du régime chinois, Zhang Dejiang, président de l'Assemblée nationale populaire (ANP, Parlement chinois), est le plus haut responsable chinois à se rendre depuis quatre ans à Hong Kong.

Le but officiel de sa visite est une conférence économique mercredi, mais ce déplacement est aussi pour lui une occasion de prendre la température d'une ville de plus en plus divisée sur l'attitude à adopter face au géant chinois.

Cette visite a d'ores et déjà essuyé les foudres de certains qui s'insurgent contre l'impressionnant dispositif de sécurité, qui implique notamment de contenir les manifestants loin de la vue du dirigeant chinois.

Mardi soir, la police a refoulé sans ménagement des manifestants à proximité du domicile du chef de l'exécutif hongkongais Leung Chun-ying, où le dirigeant chinois devait dîner.

Plus tôt, sept membres de partis prodémocratie avaient été arrêtés pour avoir accroché des banderoles de protestation contre cette visite.

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Des policiers lourdement armés montent la garde à l'aéroport international de Hong Kong alors que le président de l'Assemblée nationale populaire, Zhang Dejiang, arrive dans l'ex-colonie britannique, le 17 mai. 

Plusieurs groupes prodémocratie appellent mercredi à défiler contre l'influence grandissante de Pékin, certains manifestants espérant, malgré les consignes, se rapprocher autant que possible de Zhang Dejiang.

Le numéro trois du régime chinois est arrivé juste avant midi à l'aéroport de Hong Kong, où il a été accueilli par Leung Chun-ying et une fanfare.

Dans un bref discours sur le tarmac, il a indiqué qu'il entamait «avec bienveillance» cette visite et relayait «les salutations chaleureuses et les bons voeux» du président chinois Xi Jinping.

«(J'écouterai) les gens de toutes les couches de la société au sujet de leurs suggestions et requêtes quant à la mise en oeuvre du principe «un pays, deux systèmes»», a-t-il dit en référence au système particulier de Hong Kong, selon lequel l'ex-colonie bénéficie depuis sa rétrocession en 1997 d'une «large autonomie».

Sa visite est considérée comme une tentative pour apaiser les tensions. Le dignitaire chinois doit rencontrer notamment mercredi soir des députés prodémocratie.

Mais de nombreux Hongkongais digèrent mal l'impressionnant dispositif de sécurité, dont le déploiement près du Centre de convention d'énormes barrières de sécurité remplies d'eau pour canaliser les piétons.

Les autorités ont par ailleurs scellé à la colle des pavés dans le centre, selon toute vraisemblance pour éviter qu'ils ne soient utilisés comme projectiles par des manifestants.

«Zhang Dejiang vient comprendre la situation à Hong Kong, mais sa vue sera totalement obstruée», dénonce Sham Tsz-kit, du Front civique pour les droits de l'homme.

Hong Kong jouit théoriquement jusqu'en 2047 de libertés inconnues ailleurs en Chine.

Mais les autorités chinoises comme hongkongaises ne veulent pas entendre parler d'indépendance. La Chine a réaffirmé lundi que Hong Kong «ne quittera jamais plus la mère patrie».

Les angoisses ont été exacerbées par ce qui est perçu comme l'ingérence croissante de Pékin dans les affaires locales, y compris la disparition de cinq libraires qui ont refait surface ensuite en Chine.

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L'impressionnant dispositif de sécurité comprend notamment le déploiement près du Centre de convention d'énormes barrières de sécurité remplies d'eau pour canaliser les piétons.