La bonne récolte de pavot cette année en Afghanistan inquiète les militaires américains, parce qu'elle va provoquer une hausse des recettes financières pour les talibans en guerre contre le gouvernement de Kaboul, a indiqué jeudi un général américain.

« Nous sommes préoccupés par cette manne financière potentielle pour les talibans », a expliqué le général Charles Cleveland, un membre de l'état-major américain en Afghanistan, qui s'exprimait par vidéoconférence depuis Kaboul.

Les talibans ont annoncé début avril le lancement d'une « offensive de printemps », « l'Opération Omari », disant vouloir mener des « attaques de grande envergure », notamment contre les 13 000 soldats de l'OTAN et les forces de sécurité afghanes.

Paradoxalement toutefois, la bonne récolte de pavot - la matière première pour la production d'opium et d'héroïne - a eu pour effet de ralentir temporairement les attaques des talibans ces dernières semaines, en particulier dans la province méridionale de Helmand, haut lieu de cette culture, a expliqué le général américain.

« Nous avons vu une certaine accalmie dans les combats sur le dernier mois et un peu plus, car nous pensons que beaucoup de talibans sont partis récolter le pavot », a-t-il indiqué.

Avec la fin de cette récolte cette semaine, « nous nous attendons à une hausse des attaques contre l'armée afghane », selon le général.

Le Helmand est l'un des berceaux de l'insurrection talibane, et les insurgés tentent d'en prendre le contrôle depuis la chute de leur régime en 2001.

La province a été récemment le théâtre de combats féroces, et les forces afghanes ont annoncé en février qu'elles se retiraient de certains districts pour défendre Lashkar Gah, le chef-lieu assiégé par les talibans, et le district-clef de Sangin.

L'OTAN a envoyé sur place des centaines de soldats pour entraîner les troupes locales.

Selon le général Cleveland, « de 7 à 800 » soldats américains ont ainsi une mission d'entraînement des troupes locales afghanes à Camp Bastion, une ancienne base militaire de l'OTAN.

L'Alliance a aussi dépêché des forces spéciales américaines et d'autres nationalités pour assister les forces spéciales afghanes, parfois sur le lieu même des combats, selon le général Cleveland.

L'OTAN a mis fin à sa mission de combat en Afghanistan fin 2014. Ses troupes sont depuis cantonnées à la formation et au conseil des forces afghanes.