Un matelot indonésien retenu pendant cinq semaines avec neuf autres marins par des extrémistes islamistes du groupe Abou Sayyaf aux Philippines a raconté lundi que les ravisseurs les avaient fréquemment menacés de leur trancher la gorge.

«Nous étions tous stressés, car ils nous menaçaient fréquemment de nous trancher la gorge», a déclaré le matelot Julian Philip à des journalistes à Jakarta, au lendemain de la libération des dix Indonésiens.

Le marin a ajouté ne pas savoir si une rançon avait été versée en échange de leur libération.

«On nous a mis dans une voiture et on nous a dit de chercher la maison du gouverneur», a-t-il ajouté.

Les dix matelots ont été libérés dimanche dans le sud des Philippines après cinq semaines de captivité.

Des inconnus les ont déposés au domicile du gouverneur de la province, Abdusakur Tan Junior, sur l'île isolée de Jolo, bastion du groupe Abou Sayyaf.

Les matelots avaient été enlevés le 26 mars par des ravisseurs présentés par les autorités philippines comme des membres d'Abou Sayyaf, un groupe islamiste qui s'est fait une spécialité lucrative des enlèvements contre rançon.

Interrogée à plusieurs reprises par des journalistes lui demandant si une rançon avait été versée, la ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a esquivé la question.

La semaine dernière, des islamistes du groupe Abou Sayyaf ont décapité un de leurs otages canadiens, John Ridsdel, enlevé il y a sept mois à bord d'un yacht près de Davao, la grande ville de l'île méridionale de Mindanao. La tête a été abandonnée devant une mairie de Jolo.

Abou Sayyaf, dont les dirigeants ont prêté allégeance à l'organisation extrémiste sunnite État islamique (EI), détient encore 11 autres étrangers en otage après ces libérations. Il s'agit d'un Canadien, de quatre autres Indonésiens, de quatre Malaisiens, d'un Norvégien et d'un Néerlandais.

Abou Sayyaf est une ramification extrémiste de l'insurrection séparatiste musulmane qui a fait plus de 100 000 morts depuis les années 1970 dans le sud de ce pays composé à très grande majorité de catholiques fervents.