Plus haut responsable gouvernemental américain à visiter le mémorial d'Hiroshima, au Japon, John Kerry s'est dit «profondément ému» lundi devant la «puissance» de ce lieu et a encouragé le président Barack Obama à venir aussi.

Présent avec ses partenaires du G7 dans cette ville symbole de la bombe atomique, il a plaidé devant la presse pour «un monde sans armes nucléaires», comme l'avaient fait auparavant les ministres des Affaires étrangères des sept plus grandes puissances occidentales.

«Je n'oublierai jamais les images» exposées, qui «retournent l'estomac», a confié M. Kerry après la visite du musée, bouleversant témoignage de la fournaise nucléaire qui a dévasté la ville quand les États-Unis larguèrent leur bombe le 6 août 1945 à 8 h 15. Au moins 140 000 personnes trouvèrent la mort, sur le coup ou des suites des radiations et brûlures.

«Tout le monde devrait voir et ressentir la puissance de ce mémorial», a-t-il écrit sur le livre d'or, message qu'il a diffusé sur son compte Twitter.

«Cela nous rappelle avec force et dureté que nous avons non seulement l'obligation de mettre un terme à la menace des armes nucléaires, mais que nous devons aussi tout faire pour éviter la guerre», a insisté le secrétaire d'État, ancien combattant au Vietnam et sceptique de l'interventionnisme militaire américain.

«Jour historique»

Sous un ciel d'azur, John Kerry et ses pairs se sont aussi recueillis devant le Cénotaphe, une arche qui surplombe un tombeau où sont inscrits les noms des victimes, avec une promesse gravée dans la pierre: «Reposez en paix, nous ne laisserons pas se reproduire la tragédie».

Accueillis par une foule d'écoliers agitant des drapeaux des pays du G7 (États-Unis, Japon, Canada, France, Royaume-Uni, Italie et Allemagne), les ministres ont reçu chacun un collier composé de grues en papier, symboles de paix.

L'hôte de la réunion, le chef de la diplomatie japonaise Fumio Kishida, a qualifié ce 11 avril 2016 de «jour historique» pour son pays.

«J'espère qu'un jour le président des États-Unis sera parmi (ceux) qui pourront venir ici», a lancé John Kerry, tout en disant ne «pas savoir» si M. Obama, qui quittera la Maison-Blanche en janvier 2017, pourrait faire un crochet par Hiroshima à l'occasion de son voyage fin mai pour le sommet du G7 au Japon.

Les attentes sont grandes dans la désormais florissante cité de 1,2 million d'habitants, devenue une ardente avocate pour la paix. «Je veux que le président voit par ses propres yeux ce qui s'est passé», a confié à l'AFP Jun Miura, un homme d'affaires de 43 ans croisé dans le grand parc entourant le musée. «Il n'y a aucun ressentiment, nous n'avons pas de colère», a-t-il assuré.

Les attaques sur Hiroshima, puis sur Nagasaki (74 000 morts) trois jours plus tard - un acte pour lequel les États-Unis ne se sont jamais excusés -, avaient précipité la capitulation du Japon et la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 15 août 1945.

«Provocations» nord-coréennes

Désireux d'immortaliser ce moment, les chefs de la diplomatie du G7 ont adopté une déclaration dite de Hiroshima, réaffirmant leur engagement pour le désarmement nucléaire et la non-prolifération.

Ils ont par ailleurs dénoncé «les provocations répétées de la Corée du Nord», au programme nucléaire militaire condamné par la communauté internationale.

«Ce que fait (le dirigeant nord-coréen) Kim Jong-un se dresse comme une aberration par rapport à la direction vers laquelle le monde veut aller», a estimé le secrétaire d'État américain.

«Il est très important que tout soit fait pour stopper cette spirale, il faut continuer à faire pression sur ce régime», a commenté auprès de l'AFP le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, évoquant «une menace vitale».

Pour la France et le Royaume-Uni, les deux autres puissances nucléaires du G7, cette visite du mémorial était également une première, un «moment fort» selon M. Ayrault qui a rappelé que Paris avait considérablement «réduit son arsenal nucléaire depuis la fin de la guerre froide».

Placée sous haute sécurité, cette réunion de deux jours, prélude à une série de rendez-vous ministériels avant le sommet du 26-27 mai, a en outre abordé la question du terrorisme, appelant à «accélérer» et à «intensifier» la lutte contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie.

La Chine a aussi occupé les débats du G7 avec en filigrane la volonté de contrecarrer les ambitions de Pékin en mers de Chine.