Aung San Suu Kyi, de facto chef du nouveau gouvernement en Birmanie, a finalement renoncé à deux ministères, mais sera porte-parole du président, a annoncé le porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD) lundi.

Suu Kyi avait pris la semaine dernière la tête d'un super ministère (comprenant notamment les Affaires étrangères, l'Éducation, l'Énergie et les relations avec la présidence).

Mais lundi, Win Htein le porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), le parti d'Aung San Suu Kyi, a annoncé qu'elle renonçait aux portefeuilles de l'Éducation et de l'Énergie, sans explication quant à ce revirement.

Des inquiétudes sont émises quant à la capacité d'Aung San Suu Kyi, connue pour centraliser tous les pouvoirs au sein de son parti, à déléguer des dossiers.

Si elle cède ces deux gros ministères, «Aung San Suu Kyi sera porte-parole du président», a néanmoins affirmé Win Htein.

Il n'a pas souhaité préciser comment elle comptait assurer cette fonction, en plus de son rôle de conseillère spéciale de l'État. Conçu pour cinq années, ce nouveau titre lui permettra d'avoir accès à l'Assemblée, alors qu'elle a été contrainte de renoncer à son siège parlementaire pour intégrer le gouvernement.

Le Parlement birman, désormais largement dominé par la NLD, doit voter cette semaine en faveur de la création de cette nouvelle fonction.

Empêchée de devenir présidente en raison d'une Constitution héritée de la junte, Aung San Suu Kyi avait annoncé qu'elle voulait être «au-dessus» du président.

Elle a, dans ce but, placé à ce poste Htin Kyaw, un homme de sa garde rapprochée, considéré comme sa doublure.

La Constitution interdit la fonction présidentielle à quiconque a des enfants de nationalité étrangère, ce qui est le cas d'Aung San Suu Kyi, qui a deux fils britanniques.

En novembre 2015, les premières élections libres du pays depuis un quart de siècle ont été un raz-de-marée pour la fille du héros de l'indépendance du pays, opposante de longue date à la junte qui l'a maintenue enfermée pendant 15 ans.

Perçue comme l'espoir démocratique depuis des années, celle que la plupart des Birmans appellent «mère Suu» jouit d'une popularité immense dans son pays. Mais elle doit faire la preuve, à 70 ans, de sa capacité à mener les réformes à la tête de ce premier gouvernement issu d'élections libres après des décennies de junte.