La Corée du Nord est une «menace contre le monde», a déclaré mercredi à Pékin le secrétaire d'État américain, les États-Unis et la Chine assurant s'être entendus a minima pour tenter d'aboutir à une résolution de l'ONU après le quatrième essai nucléaire de Pyongyang.

Le régime nord-coréen «pose une menace manifeste, une menace déclarée contre le monde», a lancé John Kerry lors d'une conférence de presse avec son homologue chinois Wang Yi, après cinq heures de consultations.

«Les États-Unis feront ce qui est nécessaire pour protéger notre pays ainsi que nos amis et alliés dans le monde», a averti le secrétaire d'État.

John Kerry, qui effectuait sa première visite en Chine depuis l'essai nucléaire nord-coréen de début janvier, a indiqué que les deux premières puissances mondiales étaient «d'accord sur l'importance d'une résolution de l'ONU» sur Pyongyang.

Washington et Pékin vont ainsi «accélérer (leurs) efforts aux Nations unies» pour parvenir à une «résolution forte», a ajouté le secrétaire d'État.

«Nous sommes également tombés d'accord pour que le Conseil de sécurité (des Nations unies) prenne des mesures supplémentaires et vote une nouvelle résolution», a renchéri le ministre chinois des Affaires étrangères.

Mais les deux dirigeants, lors d'une conférence de presse d'une heure, n'ont pas voulu entrer dans le détail du contenu d'une éventuelle résolution onusienne.

Le Conseil de sécurité avait réagi le 6 janvier en promettant dans une déclaration adoptée à l'unanimité de ses 15 membres - dont la Chine - d'alourdir l'arsenal de mesures de rétorsion contre Pyongyang.

«Pas créer des tensions»

La Chine et les États-Unis sont «engagés à travailler ensemble pour essayer de parvenir à un accord de vues sur une résolution ferme qui inclurait de nouvelles mesures significatives» afin d'enrayer le développement des «programmes illicites nucléaire et de missiles balistiques» nord-coréens, a insisté mercredi le secrétaire d'État américain.

Mais attention, a prévenu Wang Yi, «des sanctions ne sont pas une fin en soi. La clé, c'est vraiment de résoudre le sujet». Pékin se montre d'ailleurs traditionnellement réticent à l'imposition de nouvelles sanctions.

M. Wang a réaffirmé que la Chine était pour une «dénucléarisation de la péninsule coréenne», mais qu'une «nouvelle résolution ne devait pas créer des tensions» supplémentaires.

«La Chine et les États-Unis partagent le même objectif (...) Nous sommes disposés à continuer à travailler dans cette direction», a ajouté Wang Yi, devant la presse locale et étrangère.

Le président chinois Xi Jinping, qui a rencontré M. Kerry jeudi après-midi, a déclaré qu'«en règle générale lorsque la Chine et les États-Unis travaillent ensemble, nous pouvons accomplir de bonnes choses».

John Kerry, après la visite ces derniers jours de son adjoint Tony Blinken, était venu en Chine pour lui demander d'augmenter la pression sur la Corée du Nord, un pays dépendant largement de l'appui de Pékin.

«Une menace pour n'importe quel pays»

Pyongyang a claironné le 6 janvier avoir testé avec succès une bombe à hydrogène, une annonce que les experts internationaux ont accueillie avec le plus grand scepticisme.

Cette explosion n'en a pas moins constitué le quatrième essai nucléaire du régime le plus isolé au monde et une nouvelle violation des résolutions de l'ONU.

«C'est une menace pour n'importe quel pays dans le monde (...) C'est une menace que les États-Unis doivent prendre extrêmement sérieusement», a martelé M. Kerry, dont le pays se targue d'être une nation de la région Asie-Pacifique.

Une zone prioritaire pour la diplomatie du président Barack Obama afin de faire contrepoids à Pékin en Asie du Nord-Est et en Asie du Sud-Est.

La Chine est la principale alliée diplomatique et commerciale de la Corée du Nord, mais leurs relations se sont tendues depuis que Pyongyang persiste, contre les exhortations chinoises, à effectuer des essais nucléaires.

La visite de M. Kerry à Pékin est la dernière étape d'un tour du monde en Europe, dans le Golfe et en Asie du Sud-Est.

PHOTO JACQUELYN MARTIN, REUTERS

Le secrétaire d'État John Kerry et son homologue chinois Wang Yi, à Pékin, le 27 janvier.