Un des principaux diplomates nord-coréens, réputé proche du dirigeant Kim Jong-Un, a péri dans un accident de la circulation, selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, ce qui pourrait peser sur les efforts de réconciliation intercoréenne.

Depuis son arrivée au pouvoir fin 2011, Kim Jong-Un s'est forgé une réputation de dirigeant impitoyable qui n'hésite pas à se débarrasser des cadres qui lui déplaisent.

Mais l'annonce de funérailles d'État pour Kim Yang-Gon laisse penser que ce dernier n'est pas la dernière victime en date des purges nord-coréennes.

«Le camarade Kim Yang-Gon, un secrétaire du Parti des travailleurs et membre du bureau politique du Comité central du parti, (...) est mort dans un accident de la circulation à 06h15 mardi à l'âge de 73 ans», a indiqué KCNA, sans donner de précisions sur les circonstances de l'accident.

Diplomate de carrière, Kim Yang-Gon a servi sous les trois générations de la «dynastie des Kim» qui règne d'une main de fer depuis six décennies.

Dans sa dépêche, KCNA présente le défunt comme «le camarade le plus cher et le plus digne de confiance» de Kim Jong-Un, qui présidera jeudi des funérailles d'État.

L'agence qualifie ce décès de «grande perte» pour le parti et le peuple nord-coréens, saluant la «loyauté admirable et la compétence» de Kim Yang-Gon.

Ce dernier avait joué un rôle clé dans la réalisation du sommet de 2007 entre le numéro un nord-coréen de l'époque, Kim Jong-Il, et le président sud-coréen Roh Moo-Hyun.

«Personne pour le remplacer»

Après le décès soudain de Kim Jong-Il en 2011, Kim Yang-Gon était devenu un proche confident du nouveau numéro un, qu'il conseillait sur les relations intercoréennes et internationales en général.

Il était en août l'un des deux délégués nord-coréens lors des négociations avec le Sud qui avaient permis d'enrayer une dangereuse escalade sur la Péninsule.

Ces discussions avaient débouché sur l'accord du 25 août aux termes duquel les deux frères ennemis s'étaient engagés à promouvoir les échanges, notamment en matière civile.

L'accord a permis de nouvelles réunions des familles coréennes séparées depuis la Guerre de Corée (1950-1953). Mais les pourparlers qui ont suivi il y a quelques semaines se sont achevés sans résultat tangible sur les nombreux points de contentieux entre le Nord et le Sud.

Le décès de Kim risque d'ailleurs de contrarier les efforts de promotion du dialogue intercoréen.

«Il aura un impact négatif sur les relations intercoréennes», estime Yang Moo-Jin, professeur à l'Université des études nord-coréennes de Séoul.

«Vu la nature du régime, je ne vois personne qui puisse le remplacer pour ce qui est d'oser soumettre des idées politiques et des conseils au leader dans ces domaines.»

D'autant que Kim Yang-Gon avait l'image d'un «modéré», selon Kim Yong-Hyun, professeur à l'Université Dongguk de Séoul.

«Son décès ne va pas aider à entretenir la dynamique actuelle de dialogue», redoute-t-il.

L'annonce de sa mort a fait naître au Sud des interrogations sur une nouvelle manoeuvre du régime nord-coréen, d'autant que d'autres dirigeants du Nord ont péri dans des accidents de la circulation.

Le diplomate Kim Yong-Sun, qui avait contribué à l'organisation du sommet historique de 2000 entre le président sud-coréen Kim Dae-Jung et Kim Jong-Il, a également trouvé la mort dans un accident de la route en 2003.

Ri Je-Gang, un autre haut responsable, a connu le même sort funeste en 2010, alors qu'il se disait qu'il était engagé dans une lutte de pouvoir avec Jang Song-Thaek, l'oncle du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.

Jang lui-même a survécu à un accident de la route en 2006. Il a finalement été exécuté en décembre 2013 pour trahison.

Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, il faut aussi chercher une explication de la récurrence des accidents de la circulation chez les dirigeants nord-coréens dans leur comportement, et leur propension à prendre le volant pour rentrer chez eux à l'issue de soirées privées très alcoolisées.