Le gouvernement japonais s'est dit jeudi en quête d'informations sur la détention d'un journaliste nippon par un groupe armé en Syrie, sans pour autant confirmer son enlèvement, après le signal d'alarme tiré par l'organisme Reporters sans frontières (RSF).

Le journaliste indépendant «Jumpei Yasuda est en danger, un compte à rebours a été enclenché par les preneurs d'otages», écrit sur son site internet RSF qui «appelle le gouvernement japonais à tout mettre en oeuvre pour sa libération».

«Nous savons que Reporters sans frontières a donné cette information, mais nous ne pouvons pas la commenter», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors de son point presse matinal.

«La sécurité des Japonais à l'étranger est un devoir et nous utilisons au maximum une variété de canaux de renseignement», a-t-il ajouté.

Selon RSF, M. Yasuda est retenu depuis six mois. Il était parti en Syrie «pour enquêter entre autres sur l'exécution par le groupe État Islamique de son confrère et ami Kenji Goto», un des deux Japonais décapités en janvier dernier par l'EI, après plusieurs ultimatum lancés envers le gouvernement japonais.

«Jumpei Yasuda aurait été enlevé quelques heures après avoir passé la frontière syrienne au début du mois de juillet 2015 par un groupe armé dans une zone contrôlée par le front Al Nosra. Les ravisseurs exigeraient une rançon, faute de quoi ils menacent d'exécuter ou de vendre leur otage à un autre groupe terroriste», affirme RSF, disant bénéficier d'informations nouvelles depuis lundi.

Le gouvernement japonais est toujours très prudent dans ses déclarations à propos de ressortissants nippons présentés comme étant en danger à l'étranger.

La presse japonaise, elle, s'était déjà inquiétée en juillet du silence prolongé de M. Yasuda dont la dernière contribution sur son compte Twitter remonte au 20 juin.

Il disait alors qu'il lui serait peut-être difficile de continuer à tweeter et alimenter régulièrement son blog depuis ses lieux d'enquête, sans donner dans ce message sa situation géographique exacte.

Dans une précédente contribution, il critiquait les autorités japonaises qui font pression sur les journalistes pour qu'ils ne se rendent pas dans les zones de conflit, particulièrement en Syrie.

Selon les calculs de RSF, qui défend la liberté d'information, à ce jour, 54 journalistes sont retenus en otages dans le monde, dont 26 en Syrie.

M. Yasuda avait déjà été enlevé en Irak en 2004, en même temps qu'un autre Japonais militant pour la défense des droits de l'Homme, Nobutaka Watanabe. Ils avaient cependant été relâchés au bout de trois jours et s'étaient excusés ensuite pour s'être mis en danger et avoir causé du souci au Japon.