Des entretiens à haut niveau entre la Corée du Nord et la Corée du Sud, visant à réduire les tensions frontalières qui avaient failli déboucher en août dernier sur un conflit armé, se sont achevés samedi sans résultat apparent.

Selon un groupe de journalistes, aucun communiqué commun n'a été publié à l'issue de ces pourparlers qui avaient démarré samedi dans la zone industrielle intercoréenne de Kaesong, située en Corée du Nord, tout près de la frontière.

Aucune date pour de nouveaux entretiens entre les frères ennemis n'a été annoncée. Un point de presse d'un responsable du ministère sud-coréen de l'Unification devait se tenir plus tard.

Les discussions au niveau des vice-ministres étaient les premières du genre depuis près de deux ans.

Même si aucune percée n'était attendue au cours de ces entretiens, des progrès étaient possibles entre les deux parties, désireuses de reprendre des projets de coopération actuellement gelés et qui ont pour elles une valeur symbolique et aussi financière.

Le principe de la tenue de ces discussions était l'un des principaux points d'un accord conclu en août pour mettre fin à un dangereux face-à-face militaire.

Au plus haut de la crise, nourrie par des proclamations belliqueuses, les deux Corées s'étaient trouvées sur le pied de guerre après un bref échange de tirs d'artillerie sur leur frontière terrestre.

« Les deux parties ont eu une large discussion sur des questions en suspens et ont échangé leurs vues avec sincérité », avait dit à Séoul le ministère sud-coréen de l'Unification, avant l'annonce de la fin des pourparlers.

Les précédentes tentatives pour établir un dialogue intercoréen régulier se sont souvent effondrées après une rencontre initiale. Des échecs liés à des décennies d'animosité et de défiance entre deux pays qui sont toujours techniquement en état de guerre, car la guerre de Corée (1950-1953) s'est terminée par un armistice et non par un traité de paix.

« Faire un pas crucial »

Lorsque les deux chefs de délégation se sont serré la main vendredi, le chef de la délégation sud-coréenne, Hwang Boo-Gi, avait déclaré qu'il était temps de « faire un pas crucial », tandis que son homologue nord-coréen Jon Jong-Su soulignait l'opportunité d'avancer vers une relation moins conflictuelle entre Séoul et Pyongyang.

Les entretiens n'avaient pas d'ordre du jour précis, mais il était attendu qu'ils se concentrent sur la relance de deux programmes transfrontaliers.

La Corée du Nord, en grand manque de liquidités, souhaite la reprise des voyages organisés sud-coréens dans sa station de montagne du mont Kumgang. Séoul avait suspendu ces voyages en 2008 lorsqu'une touriste sud-coréenne, qui venait de pénétrer dans une zone militaire interdite lors d'une promenade, avait été abattue par un soldat nord-coréen.

La reprise des séjours de touristes sud-coréens au mont Kumgang constituerait un appréciable succès de propagande pour le numéro un nord-coréen, Kim Jong-Un, et fournirait à Pyongyang de précieuses devises.

Pour sa part, Séoul souhaite que le pouvoir nord-coréen accepte des réunions régulières de familles séparées au milieu du XXe siècle par la guerre de Corée.

Actuellement, ces réunions familiales ont lieu moins d'une fois par an et ne profitent qu'à un nombre très limité de participants, et cela alors qu'il existe pour ces voyages une très longue liste d'attente de Sud-Coréens, principalement des personnes âgées qui souhaitent désespérément avant de mourir revoir leurs proches restés au Nord.

Le problème bilatéral le plus délicat reste celui du programme nucléaire militaire de la Corée du Nord.

À la veille des entretiens de Kaesong, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a affirmé que la Corée du Nord disposait non seulement de la bombe atomique, mais aussi de la bombe à hydrogène, une déclaration accueillie avec scepticisme par Washington et par Séoul.