Des plats portant le nom de violeurs, et des publicités comparant la femme à un sandwich: un restaurant d'Islamabad, qui pensait avoir trouvé la formule-choc, a offert sans le vouloir une petite victoire aux féministes en étant contraint de faire marche arrière.

Table Numéro 5, un petit établissement sophistiqué arborant Tour Eiffel et autres références occidentales, cherchait les bons arguments pour attirer une clientèle aisée prête à tourner en dérision le discours féministe. Mais il lui a fallu ravaler ses slogans après une avalanche de critiques sur les réseaux sociaux et la visite d'enquêteurs municipaux.

Une petite victoire pour le féminisme dans un pays musulman conservateur où les militants des droits des femmes commencent à hausser le ton.

La controverse a démarré lorsque le café-restaurant, lancé il y a quelques semaines par une femme, a mis en ligne sur sa page Facebook des publicités considérées comme «sexistes» par ses critiques.

Le menu honore des célébrités condamnées pour des violences contre des femmes, avec des sandwiches portant le nom du chanteur américain Chris Brown, jugé coupable d'avoir battu son ex-compagne Rihanna, ou encore du boxeur Mike Tyson, condamné pour viol.

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Une autre publicité fait du sandwich un «droit de l'homme (...) servi par la femme», un graphique compare la femme qui «pleure» et «vous brise le coeur» au sandwich «abordable» et «source de joie».

«C'est juste pour s'amuser», assurent les animateurs de la page Facebook, qui ont participé à la conception de la campagne. «Tout ce que nous voulons, c'est vendre nos sandwiches en faisant quelques blagues», ont-ils écrit à l'AFP.

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Le restaurant a reçu un déluge de critiques pour ces slogans «immatures» et «misogynes». Mais aussi le soutien de nombreux Pakistanais appréciant un tel humour et qualifiant les critiques de «féminazis».

Interpellées par des administrés, les autorités municipales s'en sont mêlées. «Si nous découvrons qu'ils ont utilisé des noms offensants, nous prendrons des mesures», a affirmé le capitaine Abdoul Sattar Isnani, du département de la sécurité alimentaire, qui a indiqué avoir envoyé un officier dans l'établissement.

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La sandwicherie s'est finalement résolue à changer le nom de ses plats, reconnaissant que ses détracteurs avaient «gagné cette partie».

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