Le premier ministre indien Narendra Modi a reconnu dimanche la défaite de son parti lors d'une élection cruciale dans l'État du Bihar, sur laquelle il comptait pour se renforcer au Parlement et relancer ses efforts de réforme.

«Ai eu une conversation téléphonique avec Shri@NitishKumar et l'ai félicité pour sa victoire», a dit sur Twitter le premier ministre nationaliste au sujet de son adversaire, le chef de l'exécutif actuel du Bihar, Nitish Kumar.

Le premier ministre n'avait pas ménagé ses efforts durant la campagne électorale dans l'État le plus pauvre de l'Inde, situé dans l'est du pays et où habitent une centaine de millions d'habitants. Il avait promis l'équivalent de milliards d'euros pour le développement de cet État qui compte les taux de malnutrition et d'analphabétisme parmi les plus élevés de l'Inde.

M. Modi et son parti nationaliste, le Bharatiya Janata Party (BJP), ont remporté une large victoire aux législatives de mai 2014, obtenant une majorité absolue à la chambre basse du Parlement.

En revanche, il ne dispose pas de la majorité à la chambre haute, ce qui bloque plusieurs de ses réformes économiques, et tablait sur ces élections régionales pour y monter en puissance, les élus de cette chambre étant issus des scrutins pour les assemblées de chaque État. Le BJP n'y dispose que de 48 sièges sur 245.

Narendra Modi affrontait pour ces élections une alliance improbable entre deux puissants responsables politiques de l'État, le chef de l'exécutif Nitish Kumar et son prédécesseur dans les années 90 Lalu Prasad Yadav, poursuivi pour plusieurs affaires de corruption et qui a fait quelques mois de prison.

Les deux opposants avaient mis de côté leur inimitié ancienne pour croiser le fer avec le premier ministre.

D'après des résultats partiels publiés par la commission électorale, le BJP semblait ne devoir emporter que 58 sièges au sein de l'assemblée du Bihar. La coalition de partis locaux mise en place par MM. Nitish et Yadav était devant en ce qui concerne 160 autres sièges au sein de cette instance qui en compte 243.

À Patna, capitale du Bihar, des militants de la coalition locale célébraient leur victoire en dansant dans la rue.

Le porte-parole du BJP, GVL Narsimha Rao, a démenti qu'il s'agisse d'une défaite personnelle pour Narendra Modi.

Les «dés étaient pipés» en raison de l'alliance mise en place par l'opposition, a-t-il assuré. «C'est une défaite arithmétique. Notre premier ministre a réussi même lors de ce scrutin. C'est grâce à son charisme que nous avons réalisé une performance honorable».

Au fil des semaines, la campagne a été dominée par des questions douloureuses liées aux castes et à la religion, qui constituent de longue date d'importantes lignes de fracture politique.

La campagne a été en particulier perturbée par les tensions religieuses qui ont resurgi après le lynchage d'un musulman par une foule d'hindous, l'homme ayant été accusé à tort d'avoir mangé du boeuf, dans l'État voisin de l'Uttar Pradesh.

La croissance économique indienne tourne autour de 7%, mais des réformes clés promises par le premier ministre afin d'accélérer les investissements et de créer des emplois pour des dizaines de millions de jeunes Indiens sont bloquées.