Le parti au pouvoir en Azerbaïdjan a emporté dimanche, selon des résultats quasi définitifs, une large victoire à l'issue de législatives boycottées par l'opposition au président Ilham Aliev, qui dirige sans partage depuis douze ans cette ex-république soviétique du Caucase riche en hydrocarbures.

Le parti de M. Aliev, Yani Azerbaïdjan (Nouvelle Azerbaïdjan) a remporté au moins 69 sièges sur les 125 que compte le parlement, a annoncé la commission électorale après le dépouillement de 91% des bulletins de vote.

Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Aliev en 2003, aucune élection n'a été reconnue comme démocratique par les observateurs internationaux. Avant ce scrutin, l'opposition et les ONG de défense des droits de l'homme avaient accusé le gouvernement d'avoir emprisonné de nombreux opposants et limité la capacité des partis à faire campagne.

L'opposition n'avait au aucune illusion. Interrogé par l'AFP au cours du vote, le dirigeant du mouvement d'opposition Musavat, Isa Gambar, avait estimé que la victoire du parti du président Aliev, Yeni Azerbaïdjan (Nouvelle Azerbaïdjan), était decidée d'avance «en l'absence de candidats d'opposition forts et en raison de multiples violations».

Les principaux partis d'opposition, dont le Conseil national des Forces démocratiques (CNFD), Musavat et le Parti démocratique d'Azerbaïdjan, avaient en effet boudé le scrutin, qualifié de «simulacre» d'élections.

Du côté du pouvoir, le principal conseiller du président, Ali Gasanov, a cependant assuré à l'AFP que les élections se tenaient «de manière totalement transparente et démocratique».

Au total 5,9 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes afin d'élire les 125 membres du Parlement pour cinq ans. La participation s'est élevée à 55,7%, selon la Commission électorale.

Opposants emprisonnés  

«Yeni Azerbaïdjan est le seul parti capable de garantir le développement économique du pays et la stabilité», a expliqué à l'AFP Alimusa Sattarov, un professeur de 58 ans.

Aysel Hadjiyeva, à l'inverse, a décidé de rayer tous les noms du bulletin. «C'est ma manière de protester: j'aurais voté pour l'opposition mais ils boycottent les élections». Cette vendeuse de 29 ans affirme n'avoir «aucune confiance dans Yeni Azerbaïdjan et les partis satellites qui participent à ces élections».

L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait renoncé à envoyer des observateurs internationaux en raison des «restrictions» imposées par les autorités.

Toute forme de contestation est sévèrement réprimée par les autorités de ce pays riche en hydrocarbures et les ONG de défense des droits de l'homme affirment que la situation s'est détériorée depuis la réélection du président pour un troisième mandat en 2013.

«Au moins vingt personnes sont actuellement emprisonnées pour avoir simplement mis en question la politique du gouvernement», a indiqué Amnesty International.

Selon Human Rights Watch, les autorités ont eu recours à de fausses accusations de possession d'armes ou de drogue, d'évasion fiscale ou de haute trahison pour mettre des militants politiques et des journalistes en prison.

Le principal opposant du président Aliev, Ilgar Mammadov, qui dirige le mouvement d'opposition «Alternative républicaine» (Real), est détenu depuis 2013. La plus importante journaliste opposée au pouvoir, Khadija Ismayilova, et un couple qui mène campagne contre les violations des droits de l'homme, Leyla et Arif Yunus, ont également été condamnés à de lourdes peines de prison.

Avant l'arrivée au pouvoir du président actuel, son père, Heydar Aliev, ancien du KGB, avait dirigé l'Azerbaïdjan presque sans interruption de 1969 à 2003.