Deux petites filles indiennes, l'une de deux ans et demi et l'autre de cinq ans, ont été violées à New Delhi dans la nuit de vendredi à samedi, dans deux incidents séparés qui ont suscité l'émotion et des accusations contre la police locale.

Une foule agitée s'est rassemblée près du domicile de la plus jeune des fillettes, accusant la police de ne rien faire pour faire cesser les viols en série dans la capitale indienne, et le maire de la ville a accusé le gouvernement d'en porter la responsabilité.

La plus petite des fillettes a été enlevée vendredi soir par deux hommes lors d'une cérémonie religieuse à Nangloi, à l'ouest de la capitale, et violée avant d'être abandonnée dans un parc, ont indiqué la police et des proches.

Pushpendra Kumar, responsable de la police pour l'ouest de New Delhi, a précisé que l'enfant avait été retrouvée saignant abondamment quelques heures après sa disparition et qu'un examen avait montré qu'elle avait été violée au moins une fois.

«Nous avons lancé une chasse à l'homme pour (retrouver) les suspects. Jusqu'à présent, personne n'a été arrêté», a indiqué M. Kumar à l'AFP.

Par ailleurs, une autre fillette, âgée de cinq ans, a été violée en réunion par trois hommes dans la zone de Anand Vihar dans l'est de New Delhi, vendredi soir, après avoir été attirée dans la maison d'un voisin, a indiqué la police.

«Ses vêtements étaient en partie déchirés, avec plein de taches de sang. Des gens l'ont vue et elle leur a dit qu'elle avait été agressée sexuellement», a indiqué à l'AFP un policier, sous couvert de l'anonymat.

«Des habitants de la région sont ensuite entrés dans la maison et les ont capturés (les agresseurs présumés) et nous les ont remis», a ajouté le policier.

Des examens ont montré que la fillette avait été violée à plusieurs reprises, a-t-il ajouté.

Les deux fillettes sont sous traitement médical, mais sont hors de danger, selon la police.

Une «épidémie» de violences

«Jusqu'à quand les filles vont-elles continuer à être brutalisées dans la capitale indienne? C'est une honte», a tweeté Swati Maliwal, chef de la commission gouvernementale de Delhi pour les femmes.

Elle a estimé, à l'antenne de la télévision NDTV, que les violences à l'égard des femmes avaient atteint «le niveau d'une épidémie».

Plus d'une centaine de personnes ont manifesté leur indignation devant la maison de la plus jeune des fillettes, accusant la police d'inaction.

«Ils ne font rien pour arrêter les violeurs. Nous ne nous sentons pas en sécurité dans cette ville, et viendra un jour où les gens vont cesser de faire naître des filles de peur qu'elles ne soient violées», a déclaré une femme qui s'est présentée comme membre de la famille, sans vouloir donner son nom.

Le maire de New Delhi, Arvind Kejriwal, a rejeté la responsabilité de la situation sur le gouvernement du premier ministre Narendra Modi.

«La multiplication des viols sur mineurs est une honte et (une évolution) effrayante. La police de Delhi a totalement échoué à assurer la sécurité. Que font le premier ministre et son gouverneur?» a-t-il écrit sur Twitter.

Ces faits interviennent une semaine après le viol d'une fillette de quatre ans dans la capitale. La police avait arrêté un homme de 25 ans après cette attaque, qui venait s'ajouter à une longue liste d'assauts sexuels en Inde.

Le viol en réunion d'une étudiante, ensuite morte de ses blessures, dans un bus à New Delhi en 2012, avait suscité une vague de manifestations en Inde et poussé le gouvernement à durcir les peines pour les délinquants sexuels.

En 2014, 36 735 cas de viol ont été recensés en Inde, dont 2096 à New Delhi. Les experts estiment que ces chiffres ne reflètent qu'une partie de la réalité.