Le gouvernement sri-lankais s'est engagé jeudi à punir ceux qui seraient reconnus coupables de crimes de guerre pendant le conflit avec les Tigres tamouls, sans toutefois accepter une enquête internationale, comme le préconisait la veille un rapport accablant de l'ONU.

«Nous punirons quiconque aura été prouvé responsable, sans prendre en compte son rang ni sa position», a assuré le ministre des Affaires étrangères, Mangala Samaraweera, à des journalistes à Colombo, la capitale.

Mais, a précisé le ministre, le gouvernement mettra en place dans les 18 mois son propre «mécanisme national, fiable» afin d'enquêter sur les accusations portées par un rapport de l'ONU publié mercredi à Genève.

Le rapport, rédigé par des experts mandatés par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU, dénonce de «graves violations entre 2002 et 2011» avec de «fortes indications que des crimes de guerre et contre l'humanité ont été probablement commis par les deux parties en conflit».

Il recommande en outre la constitution d'un tribunal spécial associant magistrats locaux et internationaux, considérant qu'un tribunal national n'aurait «aucune chance de surmonter les suspicions alimentées par des décennies» de conflit.

La guerre civile au Sri Lanka, qui a duré 37 ans, a fait plus de 100 000 morts et a pris fin en 2009 avec l'écrasement de la rébellion séparatiste des Tigres tamouls.

L'ONU estime que les dizaines de milliers de disparitions forcées «ont été menées dans le cadre d'une attaque large et systématique contre la population civile» et accuse l'armée d'avoir exécuté des leaders tamouls qui s'étaient rendus.

Le chef de l'armée sri-lankaise de l'époque, Sarath Fonseka, a nié jeudi tout abus commis par les troupes sous son commandement, mais a encouragé le gouvernement à enquêter sur les accusations contenues dans le rapport de l'ONU.

Le président sri-lankais Maithripala Sirisena, élu en janvier, a promis d'encourager la réconciliation et d'enquêter sur les éventuels crimes de l'armée lors de la campagne militaire ayant mis fin à la rébellion tamoule en 2009, sous le régime de l'ancien homme fort, Mahinda Rajapakse.

Les responsables politiques tamouls du Sri Lanka ont déclaré mardi qu'ils rejetteraient toute enquête réalisée sans soutien international.