Des dizaines de milliers de Malaisiens se sont rassemblés samedi à Kuala Lumpur pour réclamer de grandes réformes et le départ du premier ministre Najib Razak soupçonné de corruption, bravant l'interdiction de la police.

Jusqu'à 80 000 manifestants, selon les médias locaux, ont convergé vers le centre de la capitale économique. Nombre d'entre eux portaient des t-shirts jaunes - interdits par le gouvernement - du mouvement proréformes malaisien, au premier jour d'une manifestation de 48 heures.

Mais les premiers arrivés se sont heurtés à des barrages installés par les forces de l'ordre déployées en nombre afin de tenter de bloquer les manifestants et les empêcher d'occuper pendant la nuit la place de l'Indépendance, en plein centre-ville.

Des membres de l'entourage de Najib Razak ont reconnu qu'il avait reçu près de 700 millions de dollars en 2013, des dépôts effectués mystérieusement sur son compte bancaire.

Ces révélations, publiées par le Wall Street Journal le mois dernier, ont provoqué la colère de nombreux Malaisiens, y compris des membres du parti de Razak, excédés par les nombreux scandales au sein du gouvernement.

«Nous voulons montrer à Najib (Razak) que de nombreuses personnes ne veulent plus de lui», a lancé Sheila Devaraj, 58 ans, une enseignante à la retraite.

Se faisant l'écho des préoccupations de nombreux Malaisiens, elle s'est plainte de la hausse des prix, de craintes sur la croissance économique et de la devise malaisienne en baisse.

«J'ai un bébé de six mois. Je veux qu'elle grandisse dans un pays démocratique et débarrassé de la corruption», a déclaré Ng Chong Yee, un homme d'affaires venu battre de le pavé.

«Nous devons faire savoir à ce gouvernement que nous sommes en colère. Si nous restons à la maison, ils ne s'en rendront pas compte», a-t-il ajouté.

La foule commençait à se disperser en fin d'après-midi. Selon les organisateurs, une partie des manifestants avait l'intention de camper dans les rues de la capitale pour la nuit.

Par le passé, des manifestations du mouvement de la société civile Bersih s'étaient traduites par des affrontements avec la police, notamment en 2012.