La police chinoise a procédé à l'arrestation formelle de 12 personnes suite aux explosions géantes et meurtrières dans la métropole portuaire de Tianjin, ont annoncé jeudi des médias d'État, tandis que 11 responsables publics étaient placés sous enquête pour négligence.

Les dirigeants de l'entreprise Rui Hai International, propriétaire de l'entrepôt de produits chimiques d'où sont parties les déflagrations, avaient été interpellés peu après le désastre et sont désormais formellement en état d'arrestation, a indiqué l'agence Chine nouvelle.

La semaine dernière, alors qu'ils se trouvaient déjà aux mains de la police, ils étaient apparus à la télévision d'État, «confessant» avoir utilisé leurs «connexions politiques» pour obtenir des autorisations et contourner les règles de sécurité.

De son côté, le Parquet populaire suprême chinois a annoncé sur son site internet que des enquêtes avaient été ouvertes à l'encontre de 11 responsables publics pour «abus de pouvoir» et «négligences».

Parmi eux, des officiels appartenant à plusieurs départements du gouvernement local (transports, douanes, sécurité du travail) mais aussi le président du groupe étatique gérant le port de Tianjin, a précisé le Parquet.

Le bilan des explosions du 12 août, qui ont détruit une partie de la zone portuaire de Tianjin (nord-est de la Chine) et dévasté les zones résidentielles alentour, continue de s'alourdir.

Il s'élève désormais à 139 morts, selon des chiffres officiels publiés mercredi soir, alors que 34 personnes restent portées disparues et plus de 500 sont toujours hospitalisées.

Les explosions et les incendies qui ont suivi ont suscité de vives inquiétudes quant à la dispersion de polluants hautement toxiques dans l'air et les eaux de la ville, peuplée de quelque 15 millions d'habitants et située à deux heures de route au sud-est de Pékin.

L'entrepôt de produits chimiques d'où sont parties les explosions géantes contenait quelque 700 tonnes de cyanure de sodium hautement toxique, parmi des milliers de tonnes d'autres composants chimiques dangereux, selon les autorités.

Or, le site se trouvait à moins d'un kilomètre de zones d'habitation et d'axes routiers majeurs, ce qui est contraire aux normes en vigueur.

Un cas rappelant le piètre bilan de la Chine en termes de sécurité industrielle, dans un pays où les réglementations sont régulièrement ignorées et contrôlées de façon laxiste, sur fond de corruption endémique.

Après la catastrophe de Tianjin, Pékin a cependant cherché à mettre l'accent sur les manquements de responsables locaux, s'efforçant de détourner la colère populaire et les dénonciations de défaillances plus générales au niveau national.

Pour sa part, le directeur de l'Administration nationale chargée de la sécurité au travail, visé par une enquête pour corruption, a finalement été limogé, ont indiqué mercredi des médias officiels.