Au moins neuf personnes sont mortes en Inde lors de manifestations qui ont dégénéré dans l'État d'où est originaire le premier ministre Narendra Modi, qui a lancé un appel au calme mercredi.

Les autorités de l'État du Gujarat, où ont éclaté les émeutes, ont déployé des forces armées et décrété un couvre-feu pour contenir le pire épisode de violences que connaît cet État, pourtant régulièrement touché par des violences entre communautés, depuis plus d'une décennie.

Des Patidars, également appelés Patels - caste de fermiers et d'hommes d'affaires aisés représentant quelque 12% de la population du Gujarat - ont incendié une centaine de bus, des voitures et des postes de police mardi après l'arrestation de leur leader de 22 ans, Hardik Patel.

Le directeur général de la police P. P. Pande a informé l'AFP mercredi que trois personnes étaient mortes dans la ville d'Ahmedabad - principale ville du Gujarat - où environ un demi-million de manifestants s'étaient rassemblés la veille pour protester contre des mesures de discrimination positive pratiquées en faveur de castes inférieures. Ils réclament notamment l'accès aux quotas d'emplois publics et de places en université réservés à ces populations considérées comme «parias» (les Dalits).

Deux personnes ont par ailleurs été tuées mercredi alors que la police a ouvert le feu dans le district de Banaskantha, au nord de l'État, et une autre est tombée sous les balles des forces de l'ordre dans le district voisin de Mehsana, selon un responsable de la police de cette région, J. R. Mothalia.

Un agent de police est aussi mort à l'hôpital après avoir été battu par la foule dans la rue, selon les autorités. Une dizaine de policiers ont été blessés dans ces violences.

Deux autres individus ont succombé à leurs blessures tard mercredi, dont un homme qui était détenu par la police, a dit à l'AFP l'inspecteur de police d'Ahmedabad P. D. Parmar.

Le premier ministre du pays, qui fut le chef de l'exécutif du Gujarat pendant plus de 10 ans, a lancé un appel au calme lors d'une allocution télévisée prononcée en gujarati mercredi.

«J'appelle tous mes frères et soeurs du Gujarat à ne pas recourir à la violence», a déclaré M. Modi. «Tous les problèmes peuvent être résolus de façon pacifique par la discussion».

Les rues d'Ahmadabad étaient désertes mercredi avec la fermeture des écoles et des magasins. Des protestations ont en revanche continué à Surat, haut lieu de la taille du diamant, selon des médias locaux et la police.

Le meneur du mouvement, Hardik Patel, en a lui aussi appelé au calme après sa remise en liberté dans la nuit de mardi à mercredi, tout en promettant de maintenir la pression.

«Tous les observateurs sont déconcertés par ce garçon de 22 ans qui mène l'agitation et est parvenu à faire l'objet d'un culte en si peu de temps», a commenté l'analyste politique et journaliste Sandeep Bamzai, percevant ce phénomène comme «entièrement nouveau», contrairement à celui des violences communautaires qui sévissent «depuis plusieurs décennies» dans le Gujarat.

Les dirigeants politiques semblent avoir été pris de cours par l'étendue et la violence du mouvement, débuté il y a plusieurs mois mais qui s'est accéléré ces dernières semaines.

C'est la première fois qu'un couvre-feu est instauré dans l'État depuis les émeutes meurtrières de 2002 qui avaient fait au moins 1000 morts, essentiellement des musulmans, a annoncé le chef de la police de l'État P.C Thakur.

PHOTO AP

Narendra Modi