Des milliers d'habitants de la zone frontalière entre le Bangladesh et l'Inde ont célébré dimanche un accord historique entre les deux pays qui leur permettra de choisir leur nationalité après des décennies passées à l'état d'apatrides.

Le premier ministre indien Narendra Modi et son homologue bangladaise Sheikh Hasina avaient signé cet accord sur la délimitation de la frontière entre leurs deux pays samedi, au cours d'une visite au Bangladesh du chef du gouvernement indien.

Cet accord fixe la frontière d'environ 4000 kilomètres entre les deux pays et met fin à une situation qui empoisonne leurs relations depuis 1971 et la guerre de Sécession du Pakistan oriental, laquelle avait débouché sur la création du Bangladesh.

Environ 50 000 personnes vivant dans des enclaves bangladaises en Inde et des enclaves indiennes au Bangladesh étaient de facto des apatrides frontaliers, privés d'éducation, de soins et de services publics faute d'accès à leurs gouvernements respectifs.

Les enclaves étaient dimanche le théâtre de scènes de liesse.

«Je n'aurais jamais rêvé de pouvoir vivre le moment où je deviendrais le citoyen d'un pays», dit Moinul Hacq, un habitant de l'une des enclaves indiennes au Bangladesh, celle de Boshpechai-Bhitokuti.

«Nous avons finalement goûté à la liberté au bout de 68 ans», a-t-il expliqué par téléphone, avant d'éclater en sanglots et de participer avec un millier de personnes à un «défilé de la victoire».

Des scènes similaires ont eu lieu dans plusieurs autres enclaves, a dit Golam Mostofa, secrétaire général d'une association réunissant ces territoires.

«Nous sommes tous désormais des citoyens bangladais. Nos douleurs, des décennies de frustrations sont derrière nous. Nous sommes libres et pouvons demander à être des citoyens. Les enclaves auront désormais des écoles, des cliniques et des bâtiments publics», a-t-il ajouté.

L'accord porte sur l'échange de territoires: 111 enclaves seront transférées au Bangladesh et 51 à l'Inde. Chaque pays sera souverain sur les enclaves situées sur son territoire.

La population qui y vit pourra choisir d'y rester ou de partir de l'autre côté de la frontière. Les habitants pourront acquérir la nationalité nouvellement dévolue à ces enclaves, qui cesseront d'exister.

Le Bangladesh avait donné son feu vert à cet accord dès 1974, mais ce n'est que le mois dernier que le Parlement indien l'a adopté.