Les guerres en Afghanistan et au Pakistan ont fait près de 150 000 morts civils ou militaires depuis 2001, a recensé une étude américaine.

Environ 162 000 personnes ont en outre été blessées depuis que les États-Unis ont envahi l'Afghanistan et chassé les talibans du pouvoir après les attentats du 11 septembre 2001, ajoutent les auteurs de l'étude, réalisée dans le cadre d'un programme sur les «Coûts de la guerre», par le Watson Institute for International Studies de l'Université Brown, dans le Rhode Island.

À titre de comparaison, plus de 220 000 personnes ont péri en Syrie depuis le début de la guerre civile en mars 2011.

Or la guerre en Afghanistan s'intensifie plutôt qu'elle ne s'approche de la fin, car le nombre de morts et de blessés n'a cessé de croître ces dernières années, souligne l'étude, qui date du 22 mai.

En outre, l'annonce par les États unis cette année d'un ralentissement de leur retrait dans le pays souligne «le fait que la guerre en Afghanistan n'est pas en train de se terminer. Elle empire», estiment les auteurs.

Au Pakistan, la guerre a à l'inverse perdu de son intensité ces dernières années bien que le nord-ouest de ce pays reste le théâtre d'un «brûlant conflit».

L'étude porte surtout sur les morts et les blessés directs de la guerre, dus aux «balles, bombes, coups de feu, etc.». Car le chiffre des morts indirects, par malnutrition, manque de soins, ou en raison des déplacements, est difficile à évaluer.

Pour les victimes directes du conflit - soldats et civils, y compris journalistes, personnel humanitaire ou sous-traitants - les chercheurs ont utilisé les données du gouvernement, de la mission de l'ONU en Afghanistan, des ONG et de centres de réflexion.

L'auteur Neta Crawford explique que les études sur les guerres depuis les années 1990 suivent une «règle extrêmement grossière» selon laquelle pour chaque mort direct, on dénombre trois à quinze morts indirects.

Mais ces deux pays ont été ravagés par des décennies de guerre, si bien qu'il n'y a même plus «d'année de référence de paix» pour l'Afghanistan, souligne Mme Crawford, codirectrice du projet et professeur de sciences politiques à l'Université de Boston.

C'est donc presque impossible de recenser le nombre de morts indirects. «Ce que nous savons c'est que les effets indirects de la guerre sur la santé se font sentir bien après la fin des combats», note-t-elle.

L'Afghanistan comme le Pakistan auront donc besoin d'une aide prolongée en matière de santé même après la fin des conflits, mais la «perspective ne semble pas imminente», selon elle.