Le gouvernement canadien se démène pour porter secours aux Canadiens en difficulté au Népal. Mais, dans les régions éloignées et durement touchées par le séisme, les conditions des sinistrés vont de mal en pis.

L'évacuation des étrangers coincés à Katmandou s'est accélérée, hier, cinq jours après le tremblement de terre de magnitude 7,8 qui a frappé le Népal, samedi.

« Plus de 100 Canadiens ont quitté le Népal [à bord de] vols commerciaux », a indiqué hier le ministre de la Défense, Jason Kenney, lors d'une conférence de presse à Ottawa, ajoutant que ces vols se font désormais de plus en plus nombreux.

Ce nombre s'ajoute à la centaine d'autres ressortissants canadiens évacués mercredi à bord d'un premier avion C-17 des Forces armées canadiennes.

Cependant, une centaine de personnes qui espéraient être évacuées à bord du second appareil C-17 envoyé par Ottawa ont dû prendre leur mal en patience ; l'appareil, qui était initialement attendu hier, devrait finalement arriver aujourd'hui.

Les autorités canadiennes ne sont toutefois pas encore parvenues à porter secours aux citoyens coincés en régions éloignées, mais la ministre d'État aux Affaires étrangères et consulaires, Lynne Yelich, a déclaré au cours de cette même conférence de presse être « en train de planifier des opérations » en ce sens.

« Nous essayons de sécuriser des moyens de transport conventionnels pour les rejoindre et les ramener à Katmandou. »

Bientôt secourues?

Ophélie Gauthier-Barrette et Sandrine Hamelin, les deux Québécoises de 19 et 20 ans, prennent leur mal en patience. Elles se trouvent toujours à Dhunche, à l'entrée du parc national de Langtang, où une autre secousse se serait fait sentir la nuit dernière.

« Des gens commencent à quitter à pied, même blessés. Ils commencent à désespérer d'arriver à Katmandou, a rapporté la mère de Sandrine, Chantal Lapointe. Mais, ce n'est pas ce qu'elles envisagent, car c'est trop risqué. »

Les rescapés rapportent que la route de 150 km séparant Dhunche de Katmandou est périlleuse. Une femme originaire de l'Espagne serait morte en s'y aventurant, selon les informations qui circulent au campement.

Les ressources étaient déjà limitées à Dhunche en début de semaine, a appris La Presse. Les randonneurs qui se trouvent dans les zones les plus à risque y sont rapatriés. Mercredi, ils étaient de 200 à 300 personnes à s'entasser sous les abris de fortune, rapporte une rescapée.

« Il a fallu se faire des planchers avec des briques et se faire nous-mêmes des rigoles pour évacuer l'eau qui s'accumulait, car il pleuvait beaucoup, selon une Québécoise qui a réussi à quitter le campement. On devait tous dormir collés parce qu'il faisait froid et plusieurs n'avaient plus de sleeping bag. »

Les Népalais de Montréal rassurés

Presque une semaine après la catastrophe, la communauté népalaise de Montréal avait le coeur plus léger.

« Les lignes téléphoniques ont été rétablies et, mercredi, nous sommes nombreux à avoir pu parler une quinzaine de minutes avec notre famille là-bas, a expliqué Muga Rajbhandari, président de l'Association des Népalais du Québec. De ce que l'on sait, tout le monde est vivant. On est extrêmement chanceux. »

L'Association a déjà amassé 15 000 $ et poursuivra ses activités de financement, demain, dans différents centres commerciaux du grand Montréal.

Donner au suivant

Coincé à Lulka, au pied de l'Everest, un couple de Madelinots est parvenu à amasser 16 000 $ pour son guide de randonnée, dont la maison a été détruite dans le séisme.

« Avec ce montant, il pourra se bâtir une maison solide et durable et ses enfants bénéficieront d'une meilleure éducation, se réjouissait Jean-François Langford. Nous lui avons dit que nous ramassions de l'argent pour lui et sa famille [...], il était estomaqué. »

Sa conjointe Dominique Vigneau et lui ont publié une photo sur Facebook, mardi. Ils lançaient un appel à la solidarité pour aider leur guide Sunil, « une personne exceptionnelle et très humaine » grâce à qui ils étaient en sécurité. Les trois doivent voler vers Katmandou aujourd'hui. Sunil pourra rejoindre ses proches.

- Avec Joël-Denis Bellavance, La Presse

PHOTO TIRÉE DE FACEBOOK

Dominique Vigneau (à gauche) et Jean-François Langford (à droite) récoltent des dons pour venir en aide à leur guide népalais, Sunil (deuxième à partir de la droite), dont la maison a été détruite dans le séisme.

100 000 $ d'Ubisoft

Ubisoft s'engage à égaler les dons faits à la Croix-Rouge canadienne jusqu'à concurrence de 100 000 $. Le géant a produit Far Cry 4, un populaire jeu vidéo dans lequel l'action se déroule au Népal. C'est l'équipe montréalaise de production qui a lancé l'idée. Déjà, près de 29 000 $ ont été amassés. « Ayant passé les dernières années à travailler sur Far Cry 4, un jeu fortement inspiré par le Népal et sa population, c'est le coeur lourd que la famille Far Cry se réunit afin de venir en aide au peuple népalais. Nous désirons amasser des fonds pour appuyer la Croix-Rouge canadienne qui a déployé son hôpital de campagne afin de venir en aide à la population locale », peut-on lire sur le site de la Croix-Rouge canadienne.

- Audrey Ruel-Manseau, La Presse