Un tribunal japonais a jugé mardi inaptes à redémarrer deux réacteurs atomiques pourtant considérés comme sûrs par l'autorité de régulation nucléaire, ce qui risque de retarder encore un processus déjà perçu comme beaucoup trop long par les pronucléaires.

Une Cour de la province de Fukui (ouest), où sont implantées les tranches Takahama 3 et 4, a estimé que les conditions n'étaient pas réunies sur le volet parasismique pour autoriser ces unités à être remises en exploitation, selon le groupe de citoyens plaignants.

«La justice stoppe le redémarrage», affirmait une banderole brandie à la sortie du tribunal par ces derniers devant les caméras, tandis qu'un avocat saluait «la meilleure décision possible».

«La décision de la Cour prend en compte les avis des citoyens quant à la menace importante que constituent Takahama 3 et 4 pour des millions de personnes dans la région de Fukui et du Kansai (ouest)», s'est immédiatement réjouie l'organisation écologiste Greenpeace.

Le régulateur avait pourtant jugé en décembre et confirmé en février que ces deux réacteurs répondaient aux critères plus sévères imposés aux installations nucléaires pour faire face aux risques de catastrophes naturelles et d'accidents critiques, en tirant les leçons du désastre de Fukushima en 2011.

Ce couple de deux unités de Takahama était le deuxième à obtenir le certificat de sûreté, après les réacteurs 1 et 2 de la centrale Sendai (située dans le sud-ouest) pour lesquels une décision de justice est également attendue le 22 avril.

L'opérateur de Takahama 3 et 4, la compagnie Kansai Electric Power, a décidé de faire appel d'un jugement qualifié de «totalement inacceptable» qui, en tout état de cause, est un grain de sable de plus, au grand dam des partisans de l'atome impatients de voir les réacteurs redémarrer.

«C'est un avertissement de la part du tribunal qui appelle l'opérateur à mieux expliquer ses projets», a commenté Hiroshi Miyano, un expert nucléaire interrogé par l'AFP.

«Mais cela ne veut pas dire que ces deux réacteurs ne pourront pas reprendre leur activité», a-t-il ajouté.

«Il n'y a pas de changement à notre politique de redémarrage des opérations nucléaires», a déclaré pour sa part le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga.

Actuellement, les 48 tranches de l'archipel (sans compter les six condamnées de la centrale Fukushima Daiichi) sont stoppées sine die par mesure de précaution en attendant que soit contrôlée la conformité de leur sûreté vis-à-vis de normes durcies après la catastrophe atomique consécutive au tsunami de mars 2011. Cinq devraient être démantelées et le sort des 43 autres demeure une inconnue.

Dans tous les cas, le oui de l'autorité nucléaire ne constitue pas un feu vert définitif pour la relance: cette instance se borne en effet à émettre un avis technique. L'autorisation de remettre en activité les réacteurs, elle, doit en théorie venir des milieux politiques.

Le gouvernement de droite de Shinzo Abe y est plus que favorable, mais il doit auparavant obtenir le consentement des autorités locales, ce qui tend aussi à faire traîner en longueur les discussions, même en l'absence d'interférences de la justice.