Une voiture piégée a explosé dans le stationnement d'un centre commercial sur une grosse île touristique de Thaïlande, blessant légèrement sept personnes, dont une jeune Italienne, a annoncé la police samedi, dans un contexte politique tendu dans le royaume, un an après un coup d'État.

L'explosion s'est produite vendredi soir dans le stationnement du Central Festival, à la veille d'un long week-end férié au «pays du sourire», à Koh Samui, une des îles les plus touristiques du sud du pays.

«Après avoir garé ma voiture, je suis monté à l'étage du supermarché. Quelques minutes plus tard, j'ai cru qu'un avion s'écrasait sur le centre commercial. C'était une explosion massive», témoigne Hakan Genisol, agent immobilier turc istallé depuis des années à Koh Samui.

Selon la police, la bombe avait été placée dans un camion volé à Yala, l'une des trois provinces à majorité musulmane du sud du pays, touchée par une insurrection qui a fait des milliers de morts depuis une dizaine d'années.

«Il s'agit d'une voiture piégée, mais nous ne pouvons confirmer le type de matériel explosif qui a été utilisé», a déclaré à l'AFP le général Prawit Thavorn Siri, porte-parole de la police nationale.

«Sept personnes ont été légèrement blessées après avoir été touchées par des éclats», a indiqué le colonel Apichart Boonsboro, commandant de police de la province de Surat Thani. Soufrant de blessures mineures, elles sont toutes sorties de l'hôpital.

Parmi ces blessés figurent six Thaïlandais et une adolescente italienne de 12 ans.

Des démineurs ont examiné samedi les débris de l'explosion, à la recherche d'indices leur permettant d'en savoir plus sur les responsables de l'attaque, qui survient alors que la junte au pouvoir tente de rassurer les touristes sur les conditions sécuritaires dans le pays.

Baisse du tourisme

Depuis le coup d'État militaire de mai dernier, le tourisme, pilier de l'économie, souffre des conséquences de la crise politique.

En 2014, un peu plus de 24,7 millions de touristes ont visité le pays contre 26,5 millions l'année précédente.

La semaine dernière, la junte au pouvoir a levé la loi martiale, qui éloignait notamment les touristes asiatiques, la remplaçant par un décret octroyant des pouvoirs étendus à l'armée.

Pour l'heure, aucune piste n'est privilégiée, dans un contexte politique tendu, en raison des fortes restrictions aux libertés publiques par les militaires, au pouvoir depuis mai 2014.

Les autorités ont ainsi accusé début mars les Chemises rouges, puissant mouvement populaire de soutien au gouvernement déchu par le coup d'État, de fomenter un vaste plan de déstabilisation du régime, leur imputant l'explosion d'une grenade à Bangkok.

Deux petites bombes avaient auparavant explosé devant un centre commercial de Bangkok, le 1er février, sans faire de blessés.

À ces tensions politiques, s'ajoute un vieux conflit séparatiste dans l'extrême sud musulman du pays.

Les provinces frontalières de la Malaisie, à quelques centaines de kilomètres de Koh Samui, sont le foyer d'un conflit opposant forces de l'ordre et insurgés d'ethnie malaise et de religion musulmane, qui s'estiment victimes de discrimination dans un pays essentiellement bouddhiste.

Depuis 2004, le conflit a fait plus de 6300 morts, bouddhistes et musulmans, majoritairement civils, dans des explosions quasi quotidiennes, fusillades ou opérations des forces de l'ordre, mais le conflit, très localisé, reste peu connu à l'international.

Les rebelles indépendantistes n'ont jusqu'ici pas commis d'attaques dans les lieux touristiques les plus fréquentés de Thaïlande.

«Il est possible que des rebelles aient été engagés pour cette attaque servant d'autres buts», a supputé Banphot Phunphien, porte-parole de la junte, sans préciser ses accusations contre les opposants politiques.

La junte a déclaré tenter de redémarrer les pourparlers de paix avec la mosaïque de groupes de combattants agissant dans cette région rattachée à la Malaisie jusqu'au début du XXe siècle et où la Thaïlande a mené une politique d'assimilation des musulmans autochtones à marche forcée.

Mais aucune date n'a été annoncée, et les associations de défense des droits affirment que les meurtres de civils et les abus commis par les forces de sécurité se poursuivent.