Le chef de la junte thaïlandaise a menacé vendredi, dans une dernière salve contre les journalistes, de faire fermer les médias critiques au lendemain d'un concert de critiques internationales au sujet de la loi martiale.

«Je les ferai fermer seulement quand ils ne diront pas des choses positives. Je n'ai encore fait fermer aucune publication, mais s'il vous plaît, écrivez de façon positive. Si ce n'est pas le cas, je devrai le faire», a déclaré devant la presse le général Prayut Chan-O-Cha, visage fermé, lors de la visite d'une école militaire à Bangkok.

La levée mercredi soir de la loi martiale en Thaïlande, près d'un an après un coup d'État militaire, n'a convaincu ni Washington, ni l'Union européenne, ni l'ONU, qui a dénoncé jeudi un dispositif de remplacement «encore plus draconien».

Des critiques largement rapportées par les médias thaïlandais, inquiets d'une nouvelle législation qui donne aussi à la junte le pouvoir d'«empêcher la diffusion de (...) n'importe quel média comportant des messages provoquant la peur ou relayant des informations déformées ou créant le malentendu».

Depuis sa prise de pouvoir en mai 2014 après des mois de manifestations de rue contre le gouvernement démocratiquement élu de Yingluck Shinawatra, Prayut a multiplié les menaces contre les journalistes.

Début mars, il avait été jusqu'à confier vouloir frapper «en pleine face» un journaliste qui l'interrogeait sur les résultats de son gouvernement, suscitant une protestation de l'Association des journalistes thaïlandais.

Depuis le coup d'État de mai 2014, les libertés civiques sont fortement restreintes, les manifestations interdites, ainsi que tout rassemblement politique. Pendant plusieurs semaines après le coup d'État, les militaires avaient déjà fermé plusieurs télévisions jugées trop partisanes.