Pas moins de cinquante conteneurs de détritus du Canada renfermant entre autres des couches pour adulte souillées sont stationnés dans le port de Manille, aux Philippines.

Ils y sont depuis pratiquement deux ans, ce qui n'a pas manqué de soulever l'ire de militants soucieux de l'environnement et de la santé publique.

Ces protestataires, qui comptent dans leurs rangs un prêtre catholique, soutiennent que les conteneurs abritent des déchets toxiques et dangereux, en dépit du fait qu'une récente étude des autorités de cet État insulaire suggère qu'ils ne contiennent que des ordures domestiques.

Lors d'une manifestation tenue la semaine dernière à proximité de l'ambassade du Canada à Manille, le prêtre Robert Reyes a déclaré que «le gouvernement du premier ministre Stephen Harper représente un embarras pour les citoyens qui ont un esprit civique et qui sont soucieux de l'environnement».

«Reprenez vos ordures illégales immédiatement», a lancé M. Reyes.

À la fin de l'année dernière, le gouvernement des Philippines avait recommandé que les conteneurs soient retournés au Canada en s'appuyant sur la Convention de Bâle, un traité signé par le Canada et les Philippines qui interdit aux pays industrialisés d'envoyer leurs détritus vers des pays en développement.

Cependant, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères a réitéré la position de longue date d'Ottawa à ce sujet, en mentionnant que cette affaire constitue un problème commercial de nature privée entre une entreprise canadienne et un partenaire des Philippines.

«L'ambassade s'est engagée auprès du gouvernement philippin et de ses agences à chercher activement à les assister et à résoudre ce problème dans un esprit de collaboration et de coopération», a écrit Amy Mills dans un courriel.

Dans son message, Mme Mills a noté que le Canada était «satisfait que cet enjeu ait pu être résolu» après le rapport du ministère philippin de l'Environnement et des Ressources naturelles, qui a déterminé que les détritus n'étaient pas dangereux.

Le ministre du Commerce international, Ed Fast, était de passage à Manille, vendredi, afin d'y rencontrer son homologue philippin. Ce dossier n'a pas été soulevé durant la rencontre entre les deux politiciens.

Par ailleurs, Jim Makris, qui dirige la société ontarienne Chronic Inc. ayant expédié les conteneurs, n'a pu être joint pour présenter sa version des faits.

Cependant, l'année dernière, lors d'une entrevue avec le «Toronto Star», il avait nié avoir envoyé des déchets aux Philippines.

Il avait laissé entendre qu'il était puni pour avoir refusé de verser de l'argent à des représentants philippins lorsque les conteneurs étaient arrivés dans le pays.