Samson Toara s'est réfugié sous son lit pendant que le cyclone Pam rugissait sur Port-Vila, capitale du Vanuatu. Il a cru sa dernière heure venue, comme nombre des 270 000 habitants de cet archipel du Pacifique Sud.

«On aurait dit un gros avion volant à très basse altitude, comme si des milliers de personnes piétinaient le toit», explique le jeune homme de 25 ans à l'AFP. «On attendait de voir si on allait survivre ou non».

Le cyclone de catégorie 5 sur 5 a ravagé l'ancien condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides vendredi soir, accompagné de rafales de vent supérieures à 320 km/h.

Le bilan, établi par le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), fait état pour l'instant de 24 morts et de 30 blessés.

L'épouse et les trois jeunes enfants de Samson Toara se sont réfugiés dans un centre d'hébergement d'urgence proche de leur fragile maison de bois et de tôle ondulée.

Mais lui a décidé de rester. Le jeune homme s'est glissé sous le lit aux côtés de deux autres jeunes gens.

La tempête, qualifiée de «monstre» par le président Baldwin Lonsdale, a arraché une partie du toit. Des tonnes d'eau ont déferlé dans la maison. «Le vent et la pluie étaient semblables à de la fumée blanche», raconte Samson. «On avait de l'eau jusqu'aux genoux. On ne pouvait plus sortir car la porte était bloquée». Les arbres étaient déracinés, les toits volaient dans les airs.

Devant ce qu'il reste de son domicile, des énormes tas de branches et de feuilles jonchaient la route mardi. Les habitants s'employaient tous ensemble à tenter de nettoyer Port-Vila, machette à la main.

«Tout le monde s'inquiète»

Certains tentaient de faire sécher leurs affaires personnelles.

L'archipel, composé de 80 îles, figure parmi les pays les plus pauvres du monde. L'étendue des dégâts pour l'ensemble du pays restait difficile à mesurer, les moyens de communication étant coupés dans de nombreuses îles.

Vanuatu est habitué aux cyclones. Mais les habitants disent que Pam fut pire que le cyclone Uma en 1987, lorsque 30 personnes étaient mortes dans le naufrage de deux transbordeurs.

Les pays du Pacifique se considèrent en première ligne du changement climatique, les îles océaniques étant particulièrement exposées à la montée des eaux.

Le président Lonsdale a estimé que le «changement climatique» avait «contribué au désastre»: «Nous assistons à la montée du niveau de la mer, à la modification des schémas météorologiques.»

Ruby Esau, 60 ans, qui n'en est pas à sa première tempête, estime qu'il faudra plus de temps pour récupérer. «Avant, il nous fallait un à trois mois pour nous remettre. Ça sera plus long cette fois-ci», dit-elle.

Les habitants de la capitale se nourrissent depuis quelques jours de conserves mais les associations d'aide humanitaires s'inquiètent pour les îles les plus excentrées, où ils craignent une pénurie alimentaire.

Nelly Vano Song, 43 ans, explique que «tout le monde s'inquiète, par rapport à son logement, ses enfants».

Elle n'a pas pu entrer en contact avec les membres de sa famille qui habitent sur des îles éloignées. Elle ne sait pas si les vivres apportées par les ONG et les armées française, australienne et néo-zélandaise pourront jamais parvenir jusqu'à eux.

«Le cyclone nous a tous affectés», dit-elle. Mais «nous devons travailler dur pour revenir à la normale».

Les eaux cristallines du port brillent sous un soleil radieux mardi, rappelant que Vanuatu est une destination privilégiée par les touristes.