Les Pays-Bas devront indemniser les veuves et les enfants d'hommes exécutés par l'armée néerlandaise dans les années 40 en Indonésie, a décidé mercredi la justice néerlandaise, une décision qui pourrait faire office de jurisprudence.

«L'État néerlandais est responsable de l'indemnisation des familles indonésiennes des hommes qui ont été illégalement exécutés entre 1946 et 1949 dans les Indes orientales néerlandaises d'alors», a indiqué le tribunal de La Haye dans un communiqué.

Vingt-trois plaignants, dont 18 veuves et 5 enfants, avaient intenté une action en justice en 2012, peu après que la justice néerlandaise se soit prononcée en faveur de veuves d'hommes exécutés en 1947.

Si de nombreuses affaires similaires existent, c'est la première fois que les juges reconnaissent aux enfants des victimes le droit à une indemnisation.

«Nous sommes très heureux de ce jugement, surtout parce que le tribunal a jugé que les enfants peuvent également recevoir des compensations», a assuré à l'AFP l'avocate des familles, Liesbeth Zegveld.

Plusieurs milliers d'Indonésiens, dont de nombreux civils, sont morts pendant la guerre qui a mené à la reconnaissance par les Pays-Bas en 1949 de l'indépendance de l'Indonésie, parfois dans des conditions atroces et à la suite d'exécutions sommaires.

Au moins 860 hommes ont péri sous les balles de pelotons d'exécution, surtout entre décembre 1946 et avril 1947 sur l'île de Sulawesi (Célèbes).

Les juges ont estimé mercredi que neuf plaignantes avaient bel et bien été mariées à des «hommes qui ont été exécutés», mais n'ont pas décidé un montant d'indemnisation.

Les autres plaignants, veuves et enfants, doivent encore prouver que les hommes exécutés étaient bien leurs époux ou leurs pères, ont souligné les juges, qui ont désigné un expert pour cette tâche.

La Haye assurait qu'il ne pouvait y avoir d'indemnisation, les faits étant prescrits depuis longtemps.

Dans une affaire similaire, les Pays-Bas, qui s'étaient excusés en 2013 pour la première fois, ont dû verser 20 000 euros (environ 27 000 $) d'indemnisation par veuve.

«C'est une première étape», a affirmé à l'AFP Jeffry Pondaag, le président d'une association représentant les victimes : «nous allons désormais nous rendre en Indonésie, à la recherche de nouveaux enfants de victimes».