Le premier ministre indien Narendra Modi a subi mardi sa première défaite électorale depuis son arrivée au pouvoir en mai, face au militant anticorruption Arvind Kejriwal lors des élections de l'État de Delhi.

Le parti nationaliste hindou (BJP) de Modi n'a remporté que trois sièges au Parlement de la capitale, l'Aam Aadmi Party (AAP) de Kejriwal s'imposant des les 67 autres circonscriptions, selon les résultats publiés par la commission électorale.

Ce revers risque de contrecarrer les efforts du premier ministre pour consolider son pouvoir et mettre en place les réformes économiques promises.

Le premier ministre, qui enchaînait les victoires aux élections d'État depuis son triomphe aux législatives, a assuré au téléphone à Kejriwal que son gouvernement lui apporterait son «soutien total» pour le développement de la capitale.

Le parti du Congrès, qui a longtemps dirigé l'Inde, a enregistré un très lourd revers, n'emportant aucun siège.

«Merci pour cette victoire sans précédent», a dit Kejriwal à ses centaines de partisans réunis à l'extérieur du siège de son parti dans la capitale. Il sera intronisé samedi comme chef de l'exécutif de la capitale.

«Mais ce soutien que les citoyens de Delhi m'ont accordé et le mandat qu'ils m'ont donné sont très impressionnants. Je demande à tous les dirigeants et militants de l'AAP de ne pas être arrogants», leur a-t-il lancé.

Kejriwal, vertement critiqué pour avoir démissionné l'an dernier après 49 jours seulement à la tête de l'exécutif de la capitale indienne, s'est révélé comme la figure centrale de la campagne, la candidate du BJP, une ancienne policière, ne parvenant pas à percer.

Bousculé par la popularité de Kejriwal, Midi a tenu plusieurs rassemblements pendant cette campagne, dépeignant le chef du parti anticorruption comme un «traitre» en raison de sa démission rapide l'an dernier.

Mais Kejriwal a su séduire les ouvriers et les minorités en promettant de baisser les factures d'électricité et d'endiguer la corruption.

«Kejriwal représente l'engagement, le travail acharné. Il se concentre sur le terrain, ne se contente pas de grande déclaration», réagit Sukhdarshan Singh, entraineur de basketball.

Fin de la lune de miel

Cette défaite constitue un sérieux revers pour le premier ministre qui a connu une longue lune de miel avec les électeurs depuis son arrivée au pouvoir en mai.

«Il n'y a aucun doute que la popularité s'est réduite», estime Amulya Ganguli, analyste politique. «La population de Delhi veut le développement et Modi n'a pas concrétisé ses promesses au niveau national».

Un porte-parole du BJP a déclaré pour sa part que ces résultats ne manifestaient pas un rejet de la politique de Modi, estimant que la campagne s'était jouée sur des thèmes locaux comme la promesse de services (eau, électricité) moins chers et la lutte contre la corruption.

«Il n'y a pas une once de négatif contre le gouvernement NDA (national) dans le pays, et encore moins à Delhi», a dit le porte-parole GVL Narasimha Rao à la chaîne NDTV.

«Il s'agit d'une élection locale où les facteurs locaux ont dominé».

Cette défaite va freiner les efforts de Modi pour renforcer son pouvoir au Parlement afin de mettre en place les réformes économiques comme la loi sur l'acquisition de terrains ou la réforme de la fiscalité. Le BJP n'a pas la majorité à la chambre haute du Parlement où les sièges sont attribués selon le poids dans les assemblées de chaque État.

Kejriwal s'était quant à lui rendu célèbre en se disant «anarchiste» l'an dernier lors de son bref mandat au cours duquel il avait organisé plusieurs manifestations. Il promet de mettre fin à la culture des privilèges des dirigeants politiques indiens.