Des milliers de Birmans ont participé vendredi aux funérailles de deux enseignantes, qui auraient été violées et assassinées par des soldats des troupes gouvernementales dans le nord de la Birmanie, en proie à une rébellion armée, où cette affaire suscite la colère.

La foule en larmes s'est réunie à Myitkyina, la capitale de l'État Kachin, où les funérailles se déroulent, selon un correspondant de l'AFP. Les corps meurtris des deux femmes de 20 et 21 ans avaient été retrouvés lundi dans un village isolé de l'État Shan où elles enseignaient dans une école baptiste.

«Nous réclamons que les femmes soient en sécurité. Nous ne sommes pas en sécurité dans ce pays», a déclaré Mar Mar Cho, de l'organisation Women's Organizations Network of Myanmar, lors d'une cérémonie organisée à Rangoun vendredi.

«Nous voulons que le gouvernement fasse en sorte que les actes criminels commis par l'armée soient jugés dans des tribunaux civils», estime quant à elle Susanna Hla Hla Soe, de la même organisation.

Les images des cadavres des deux jeunes femmes, largement diffusées sur les réseaux sociaux, avaient provoqué une grande indignation dans l'État Shan et dans l'État Kachin voisin, deux régions en proie aux affrontements entre l'armée et des minorités ethniques.

Le gouvernement a promis de faire la lumière sur cette affaire, appelant Washington, qui a réclamé une enquête, à «respecter la souveraineté» de la Birmanie.

La Birmanie est le théâtre, depuis son indépendance des Britanniques en 1948, de conflits armés entre le pouvoir central et plusieurs des nombreuses minorités ethniques. Ces conflits sont devenus la plus ancienne guerre civile au monde.

Un récent regain de violences en État Kachin pourrait compromettre les plans pour parvenir à un cessez-le-feu d'ici aux législatives cruciales de fin 2015. Environ 100 000 personnes de cette région reculée de la Birmanie à la frontière chinoise ont été déplacées depuis la rupture en juin 2011 du cessez-le-feu qui tenait depuis 17 ans.