Les responsables politiques du Pakistan ont décidé mercredi d'instaurer des tribunaux militaires pour les affaires de terrorisme, une semaine après le massacre par un commando taliban de 149 personnes dont 133 écoliers à Peshawar (nord-ouest), a annoncé le Premier ministre Nawaz Sharif.

Dans un discours à la nation après onze heures de délibérations avec les dirigeants des partis politiques, le Premier ministre a déclaré que «des tribunaux spéciaux, dirigés par des officiers des forces armées, seraient établis pour le jugement rapide des terroristes».

Il a précisé que ces tribunaux spéciaux, dont la mise en place fait partie d'un plan d'action en 17 points, fonctionneraient pendant une période de deux ans.

«Les atrocités de Peshawar ont changé le Pakistan, nous devons éradiquer la mentalité terroriste, infliger une défaite à l'extrémisme et au sectarisme», a ajouté M. Sharif dans son discours télévisé.

Le plan d'action prévoit la fin de l'aide financière aux organisations considérées comme terroristes et des mesures pour empêcher les organisations interdites de renaître sous un nouveau nom.

M. Sharif a également annoncé la création d'une force antiterroriste spéciale et vouloir assurer le contrôle du fonctionnement des écoles religieuses ou madrassas.

La «plan d'action» comporte de nombreuses mesures dont l'interdiction pour les terroristes de s'exprimer sur internet et dans la presse écrite, la destruction de leurs systèmes de communication, et le rapatriement des réfugiés afghans.

«Avec leur sang, nos enfants ont tracé une ligne entre nous et les terroristes», a-t-il dit, promettant que ces derniers n'auraient droit à aucune indulgence.

Le chef de l'opposition Syed Khursheed Shah a déclaré à l'AFP que «seuls les terroristes seraient jugés dans ces tribunaux» et que l'«on n'y recourrait pas pour des motifs politiques», soulignant que tous les partis politiques étaient tombés d'accord pour amender la Constitution en vue de leur création.

«L'objectif en mettant en place des tribunaux militaires est de faire rapidement le procès des terroristes. Il y a tant de failles dans notre système judiciaire», a encore dit Syed Khursheed Shah.

Le Pakistan a levé son moratoire sur la peine capitale en vigueur depuis 2008, et pendu six condamnés à mort par des tribunaux chargés des affaires de terrorisme en réponse à l'attaque la semaine dernière des talibans du TTP contre une école de Peshawar.

Le ministre de l'Intérieur prévoit ainsi d'exécuter 500 condamnés à mort ces prochaines semaines.

Après l'attaque de Peshawar, M. Sharif, qui a été souvent accusé de jouer un double jeu avec les extrémistes, et de soutenir les organisations pouvant lui être utiles, a affirmé que le Pakistan ne ferait pas de distinction entre «les bons et les mauvais talibans».