Hong Kong attendait jeudi matin l'évacuation imminente du principal site occupé depuis plus de deux mois par les manifestants prodémocratie, massés par centaines dans ce quartier d'affaires malgré les mises en garde de la police.

Sur décision de la Haute cour saisie par des commerçants ou des compagnies de transport en commun, des huissiers de justice se sont présentés peu après 09h00 locales sur le campement d'Admiralty, un village de tentes occupant une autoroute urbaine à neuf voies au coeur de Hong Kong.

Ils ont lu aux manifestants une injonction d'évacuation et leur ont donné jusqu'à 11h00 pour démanteler le camp, défaire les tentes dans lesquelles certains dorment depuis la fin septembre, et quitter les lieux. Passé ce délai, ils seront arrêtés.

«Je partirai probablement juste avant l'opération parce que je me mettrais dans une situation professionnelle difficile si la police relevait mon identité», confiait Chow, 29 ans, employé dans une association.

Les autorités pourraient également évacuer un campement plus petit occupé à Causeway Bay, temple du shopping prisé par les Chinois du continent. Ce campement était quasiment à l'abandon jeudi matin, quelques rares touristes y déambulant en prenant des photos.

Le gouvernement a appelé les manifestants à partir d'eux-mêmes et menacé de prendre «des mesures résolues» contre les récalcitrants. Mais les leaders étudiants ont lancé mercredi soir un appel à aller «au bout» de leur mouvement. Ils sont soutenus par une vingtaine de députés qui se sont déclarés prêts à finir au poste de police.

Depuis le pic de la contestation le 28 septembre, lorsque les manifestants étaient descendus dans la rue par dizaines de milliers, le nombre de protestataires a nettement diminué dans le territoire passé sous tutelle chinoise. Et le soutien au mouvement de l'opinion publique, lassée par les embouteillages et les perturbations, s'est érodé.

Territoire chinois bénéficiant d'une large autonomie, l'ancienne colonie britannique a connu avec ces manifestations sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997.

La Chine a accepté le principe du suffrage universel pour l'élection du prochain chef de l'exécutif en 2017 mais exige que les candidats reçoivent l'aval d'un comité loyaliste, ce qui garantit, aux yeux des manifestants, l'élection d'un candidat inféodé à Pékin.