Hagupit, typhon rétrogradé au rang de tempête qui a déferlé pendant trois jours sur les Philippines, a fait 27 morts mais les millions d'habitants de Manille respiraient mardi matin après le passage de la dépression près de la capitale sans causer de dégâts majeurs.

La plupart des victimes ont été dénombrées dans l'île de Samar (extrême-est) selon un dernier bilan de la Croix-Rouge qui devrait toutefois s'alourdir une fois les secours parvenus sur place et dans les autres provinces orientales de l'archipel.

Qualifié de supertyphon au moment de sa formation dans l'océan Pacifique, Hagupit était passé à la catégorie typhon lorsqu'il a touché terre samedi dans l'est du pays. Lundi, le typhon a été dégradé à la catégorie tempête tropicale. Dans la soirée, les vents se sont affaiblis à 85 km/heure alors que la tempête se trouvait à une centaine de km au sud-ouest de la capitale.

Des dizaines de milliers de personnes, pour la plupart des habitants de bidonvilles installés le long des cours d'eau et des côtes, se sont réfugiées dans des centres d'accueil provisoires lors d'une vaste opération d'évacuation de l'agglomération, où s'entassent 12 millions de personnes.

«Nous sommes en état d'alerte», avait déclaré lundi Joseph Estrada, maire de la ville même de Manille, qui compte deux millions d'habitants. «Ce sont les inondations qui nous inquiètent».

«J'ai très peur, à chaque tempête, on n'a d'autre choix que d'évacuer», expliquait Soledad Papauran, 60 ans.

Les écoles sont restées fermées, de même que la Bourse et de nombreux bureaux. Les fonctionnaires ont été priés de rester chez eux tandis que des dizaines de vols commerciaux ont été annulés.

Les autorités s'étaient préparées au pire. Craignant une répétition de la désolation laissée par le super typhon Haiyan voici un an, elles avaient dès vendredi ordonné à des millions de Philippins de se réfugier dans des églises, des écoles et des gymnases.

Haiyan avait fait plus de 7350 morts le 8 novembre 2013, dévastant en particulier les régions de l'est.

«Aidez-nous!» 

En touchant terre samedi soir, Hagupit était accompagné de vents soufflant en rafales de 210 km/h, ce qui en a fait la plus forte tempête à frapper l'archipel cette année. Des milliers d'habitations ont été rasées dans des localités isolées, des pylônes électriques ont été arrachés, des coulées de boue ont coupé des routes et plusieurs villes ont été envahies par les eaux jusqu'à deux mètres de hauteur.

A Samar, la télévision locale GMA a diffusé des images d'enfants brandissant des pancartes où l'on pouvait lire «aidez nous, aidez nous!».

La tempête n'aura pas fini de traverser l'archipel aux 7100 îles avant mardi tandis que l'étendue exacte des dégâts dans certaines zones était toujours en cours d'évaluation.

Le gouvernement a toutefois estimé que les gigantesques opérations d'évacuation mises en oeuvre depuis vendredi avaient permis de sauver de nombreuses vies.

A Tacloban, localité de 220 000 habitants parmi les plus touchées par Haiyan, les autorités n'ont signalé aucune victime. «Nous avons poussé un soupir collectif de soulagement. Nous étions mieux préparés après Yolanda», nom philippin de Haiyan, a déclaré dimanche le maire adjoint Jerry Yaokasin.

Le président Benigno Aquino a dû annuler son déplacement en Corée du Sud où il devait participer les 11 et 12 décembre à un sommet de l'Association des Nations de l'Asie du sud-est (Asean).

Les Philippines, pays en développement de 100 millions d'habitants, subissent régulièrement des intempéries meurtrières, avec en moyenne chaque année une vingtaine de typhons.

L'archipel est souvent la première masse terrestre d'importance que rencontrent les typhons qui se forment dans l'océan Pacifique mais les scientifiques estiment que la virulence des tempêtes de ces dernières années est imputable au changement climatique.

Le directeur exécutif de Greenpeace, Kumi Naidoo, a estimé que ces intempéries mettaient une nouvelle fois en exergue l'urgence d'une politique efficace pour lutter contre les changements climatiques.

Kumi Naidoo a appelé les négociateurs présents à Lima pour la conférence internationale sur le climat à se mettre d'accord. «La nature, elle, ne négocie pas, a-t-il martelé, nous devons nous réveiller et comprendre que le temps presse».