La torture de suspects par la police des Philippines est devenue monnaie courante sous le gouvernement du président Benigno Aquino, a accusé jeudi Amnistie internationale.

Chaque année, la commission des droits de l'homme philippine est saisie de cas de passages à tabac, viols, et torture à l'électricité, mais de nombreuses affaires échappent aux radars, a déclaré le secrétaire général de l'organisation de défense des droits de l'homme, Salil Shetty.

«La torture par les policiers est très répandue, c'est la routine», a-t-il déclaré à la presse.

Mettre fin à ces pratiques pourrait constituer «un héritage très important» pour le président, dont les six années de mandat s'achèvent en 2016, a ajouté le secrétaire général d'AI.

Il a toutefois estimé que le président philippin n'en faisait pas assez pour réformer la police. «Si on ne reconnaît pas le problème, il ne peut y avoir de solution», a-t-il lancé.

D'après Amnistie, qui cite les chiffres de la commission des droits de l'homme des Philippines, 457 cas de torture ont été signalés entre 2001 et la mi-2014. Soixante-quinze cas ont été signalés en 2013, le maximum enregistré pour une seule année.

En dépit de l'adoption en 2009 d'une législation antitorture, il n'y a eu aucune condamnation, a souligné Salil Shetty.

«La cause la plus importante de la torture aux Philippines c'est l'impunité des policiers», a-t-il ajouté. La faiblesse des salaires est aussi un facteur d'explication, certains officiers torturant des suspects pour recevoir des pots-de-vin, a-t-il dit.

La police a démenti les accusations d'AI et souligné que des «mesures disciplinaires» avaient été prises à l'encontre de policiers coupables d'actes de torture.

Pendant les 20 années de la dictature de Ferdinand Marcos, qui a pris fin en 1986, les actes de torture et autres violations des droits de l'homme étaient très fréquents aux Philippines.

La corruption parmi les policiers et les militaires est toujours très répandue. Le médiateur du pays a recommandé jeudi que le chef de la police nationale, un proche du président, soit suspendu de ses fonctions en raison de soupçons de corruption.