Barack Obama a critiqué mercredi les «retours en arrière» en Birmanie, à son arrivée de Pékin pour un sommet régional, après les critiques d'Aung San Suu Kyi contre Washington, «trop optimiste» sur les réformes post-junte selon l'opposante.

«Dans certains domaines, il y a eu un ralentissement des réformes et même des retours en arrière» depuis l'autodissolution de la junte militaire en 2011, a déclaré le président américain dans une interview à la presse locale rendue publique à son arrivée à Naypyidaw, la capitale birmane, en provenance de Pékin.

Il a énuméré les «restrictions» imposées aux anciens prisonniers politiques, les «arrestations» de journalistes et le «meurtre» récent d'un reporter par l'armée.

Avant sa participation à un sommet régional des pays d'Asie du Sud-Est, il a également évoqué la situation politique, à un an des législatives de fin 2015, alors que la Constitution héritée de la junte empêche Aung San Suu Kyi de devenir présidente.

«La réforme constitutionnelle devrait refléter la volonté du peuple birman», a-t-il insisté, avant un dîner officiel, en ouverture de sa deuxième visite en Birmanie.

Rassemblant dix pays forts de 600 millions d'habitants, l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ASEAN) réunit Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie et Cambodge.

Ce sommet est le point d'orgue de la présidence tournante de l'ASEAN par la Birmanie, avec outre Barack Obama, le premier ministre chinois Li Keqiang et le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à Naypyidaw, la capitale birmane.

Celui-ci a qualifié mercredi l'accord à Pékin entre la Chine et les États-Unis, plus gros pollueurs de la planète, d'«importante contribution» à la lutte globale contre le réchauffement.

Le secrétaire général de l'ONU s'est également exprimé sur «l'importante transition vers une démocratie plus aboutie» en Birmanie, alors que la politique birmane est un volet important de cette étape du président américain en Asie.

Obama doit rencontrer, séparément, le président réformateur Thein Sein (à Naypyidaw) et l'opposante Aung San Suu Kyi (à Rangoun vendredi), lors de son court séjour en Birmanie.

Aung San Suu Kyi a appelé la semaine passée les États-Unis à plus de vigilance, estimant que Washington semblait «trop optimiste» sur les réformes entreprises.

De nombreuses questions enflamment le pays : la montée d'un bouddhisme radical, les emprisonnements de journalistes, l'échec de la paix avec les rebelles de minorités ethniques ou le drame de la minorité musulmane des Rohingyas, considérée comme l'une des plus persécutées au monde par l'ONU.

Ban Ki-moon a appelé mercredi les autorités birmanes à «éviter les mesures qui pourraient «enraciner la ségrégation actuelle entre les communautés».

Par ailleurs, à l'ordre du jour officiel du sommet de l'ASEAN, figurent l'intégration économique régionale, censée faire contrepoids à la Chine et à l'Inde, et les revendications territoriales de Pékin en mer de Chine, sujet de tensions avec plusieurs pays de l'ASEAN.

C'est la première visite de Barack Obama à Naypyidaw, la capitale administrative birmane sortie de terre en 2005. Pour une raison toujours mystérieuse, les vieux généraux avaient donné trois jours aux fonctionnaires pour migrer vers la nouvelle capitale, aux artères démesurées.

Entre autres hypothèses, avaient été avancées à l'époque la crainte d'une invasion maritime par les États-Unis ou encore celle de troubles sociaux à Rangoun.