La minorité musulmane apatride des Rohingyas fuit massivement la Birmanie, avec quelque 10 000 personnes ayant embarqué sur des bateaux en deux semaines, a annoncé lundi une ONG locale.

«Un tel nombre, c'est sans précédent», a commenté Chris Lewa, directrice de l'organisation de défense des droits des Rohingyas Arakan Project, considéré comme une référence pour son suivi de la situation de la minorité dans l'ouest de la Birmanie.

«Il semble que beaucoup aient décidé qu'ils n'aient plus rien à attendre de l'État Rakhine», a-t-elle ajouté, interrogée par l'AFP.

Selon les données de l'Arakan Project, depuis juin 2012, quelque 100 000 membres de cette minorité considérée par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète ont ainsi fui par mer.

Les violences entre bouddhistes de la minorité rakhine et Rohingyas ont fait depuis 2012 dans l'État Rakhine plus de 200 morts et 140 000 déplacés, en majorité des musulmans qui vivent toujours dans des camps dans des conditions déplorables.

Cette fuite sur des embarcations de fortune, en direction principalement de la Malaisie, s'est accélérée ces dernières semaines, selon Chris Lewa, depuis la fuite d'un projet de «plan d'action» du gouvernement qui obligerait les Rohingyas à vivre dans des camps.

Les autorités dénoncent une «campagne de désinformation» menée par les Rohingyas eux-mêmes à ce sujet. «Il n'y a eu ni arrestation ni torture», assure à l'AFP le porte-parole de l'État Rakhine, Win Myaing.

Lors d'un recensement controversé organisé au printemps pour la première fois dans le pays en 30 ans, la plupart des Rohingyas n'ont pas été comptés, par crainte d'enflammer les tensions s'ils s'identifiaient comme «Rohingyas» sur le questionnaire.

Quelques jours avant le recensement, des bouddhistes radicaux avaient attaqué les bureaux d'organisations humanitaires dans l'État Rakhine, les forçant à évacuer temporairement leur personnel.

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