Le juge qui avait présidé la commission d'enquête des Nations unies dénonçant des violations des droits de l'homme systématiques en Corée du Nord a pressé mercredi l'ONU de poursuivre Pyongyang pour crimes de guerre.

Le juge australien Michael Kirby a estimé que le Conseil de sécurité devrait porter la Corée du Nord devant la Cour pénale internationale (CPI) et ne pas «troquer» la possibilité de lourdes actions contre Pyongyang en échange de quelques concessions.

Les Nations unies font face à «un moment de vérité et il est extrêmement important qu'elles ne renoncent pas devant un peu de charme» de la part de Pyongyang, a souligné Michael Kirby devant des journalistes au siège de l'ONU à New York.

Cette commission d'enquête des Nations unies avait publié en février un rapport dénonçant des abus et violations des droits de l'homme systématiques dans des camps de détention en Corée du Nord, évoquant tortures, viols, meurtres et esclavage.

Ces abus constituent des crimes contre l'humanité et pourraient motiver une saisine de la Cour pénale internationale, avait affirmé la commission.

Les conclusions de ce rapport se sont fondées sur des semaines d'auditions publiques d'exilés nord-coréens.

Pour Michael Kirby, ce document présente «des preuves crédibles de méfaits incroyables».

Pyongyang a publié un contre-rapport réfutant les preuves avancées par la commission d'enquête, mais a accepté certaines des critiques des Nations unies. Le juge Kirby estime cependant que ces dernières restent d'une portée limitée.

Pyongyang s'est aussi montré désireux de rouvrir le dialogue avec la Corée du Sud pour la première fois en cinq ans, et a libéré mardi Jeffrey Fowle, l'un des trois Américains détenus en Corée du Nord.

Mais Michael Kirby a qualifié ces gestes de «miettes jetées à la communauté internationale».

Selon lui, il ne faut pas tenir pour acquis le fait que la Chine opposerait de facto son veto à une résolution du Conseil de sécurité renvoyant son allié nord-coréen devant la CPI, car Pékin a montré des réticences à user de son droit de veto dans le passé, a-t-il noté.

Le Japon et l'Union européenne proposeront le mois prochain à l'Assemblée générale de l'ONU un projet de résolution visant à saisir la CPI de «crimes contre l'humanité» commis en Corée du Nord. Le vote est attendu fin novembre.