Les autorités du Népal ont interrompu momentanément les recherches pour tenter de repérer des dizaines de randonneurs étrangers, dont plusieurs Canadiens, qui manquent toujours à l'appel à la suite des intempéries des derniers jours. Trois Québécoises ont perdu la vie dans l'accident.

L'Association des agences de randonnée du Népal a précisé jeudi sur son site Internet que la faible visibilité avait forcé les équipes de secours des districts de Manang et Mustang à cesser leurs activités.

Les recherches doivent reprendre vendredi, selon le regroupement, dont la page Facebook a été prise d'assaut par des internautes inquiets sollicitant des informations sur des randonneurs qu'ils disent connaître et qui se trouvaient selon eux dans le secteur.

Les avalanches et de violents blizzards qui ont balayé le centre du Népal mardi et mercredi ont fait au moins 27 morts, d'après l'agence Associated Press. Selon les plus récentes informations, ce bilan comprendrait quatre Canadiens.

Un porte-parole de l'agence Terra Ultima de Montréal, qui se spécialise dans les voyages en montagne, a confirmé que trois Québécoises - deux femmes dans la cinquantaine et une autre femme dans la trentaine - avaient péri dans l'accident. L'une d'elles était guide.

Les trois autres adeptes de la marche en montagne qui faisaient partie du groupe de six personnes mis sur pied par l'agence Terra Ultima sont saines et sauves, a-t-on précisé jeudi.

Une randonneuse québécoise, Sonia Lévêque, a livré un récit bouleversant des événements en entrevue sur les ondes de RDI jeudi matin.

«Nous (son conjoint et elle) avons été emportés sur une dizaine de mètres. Nous avons été ensevelis jusqu'à la taille. Nous avons été très chanceux. Mais nos amis en avant et en arrière ont été emportés», a relaté la randonneuse.

Pour des raisons de sécurité, ils n'ont pu venir en aide à leurs trois compagnons de voyage, qui ont été ensevelis sous environ 20 mètres de neige.

«Il a fallu continuer pour aller se mettre à l'abri. Ça s'est passé très vite. (...) On faisait attention aux avalanches, mais celle-là nous a vraiment pris de court» a laissé tomber Mme Lévêque, qui est conseillère juridique au Fonds de solidarité de la FTQ.

L'identité des trois victimes originaires du Québec n'a pas été dévoilée par respect pour leurs familles, qui ont demandé à l'agence de tourisme montréalaise de ne pas rendre l'information publique.

Certains ont eu davantage de chance et ont échappé au pire: deux jeunes femmes originaires de la région d'Ottawa qui avaient été portées disparues au départ ont récemment donné signe de vie.

L'une d'entre elles, Virginia Schwartz, a écrit sur sa page Facebook qu'elle quittait actuellement la zone à risque en compagnie de sa partenaire de voyage, Jane Van Criekingen.

«Merci tout le monde pour vos gentils mots et vos prières», peut-on lire dans le message publié dans la nuit de mercredi à jeudi (heure avancée de l'Est).

«Nous sommes maintenant à Manang, là où se trouve la section la moins haute du col, et espérons être à Pokhara dans trois ou quatre jours», a précisé Mme Schwartz.

Le gouvernement canadien, par l'entremise de son consulat à Katmandou, la capitale du Népal, compte porter assistance aux citoyens du Canada se trouvant dans la région.

«Notre gouvernement continue à suivre de près l'évolution de la situation. Les représentants consulaires canadiens, à Ottawa comme au Népal, restent en contact avec les autorités locales ainsi qu'avec les agences spécialisées en trekking afin d'obtenir plus d'information», a déclaré la ministre d'État aux Affaires étrangères et consulaires, Lynne Yelich.

«Nous exhortons les citoyens canadiens qui se trouvent dans la région où est survenue l'avalanche à communiquer avec leurs proches pour les rassurer, même s'ils n'ont pas été directement touchés par l'événement», a poursuivi Mme Yelich.

L'agence Terra Ultima a pour sa part signalé jeudi que l'un de ses représentants québécois se trouvait actuellement sur place pour assurer un soutien aux voyageurs en compagnie d'un représentant du gouvernement canadien.

«Aucun effort n'est épargné pour retrouver les randonneurs qui manquent à l'appel», a écrit l'agence de voyages dans un communiqué.

«Nos pensées accompagnent évidemment les familles et les proches des personnes disparues qui traversent actuellement une période extrêmement difficile», peut-on lire dans la déclaration.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et sa ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, ont assuré les familles et les proches du soutien du gouvernement.

«Nos pensées vont aux proches des randonneurs. Nous sommes tous sous le choc de l'événement qui s'est produit au Népal», a déclaré le premier ministre.

«Nous avons pris contact avec le gouvernement fédéral et nous assurons un suivi rigoureux de la situation», a mentionné la ministre St-Pierre dans la même déclaration écrite.

Sur le terrain, des secouristes à bord d'hélicoptères militaires ont secouru jeudi des dizaines de randonneurs et récupéré au moins dix corps.

Environ 70 personnes manquent toujours à l'appel près du populaire sentier de l'Annapurna et le bilan risque de s'alourdir, a prévenu un représentant de l'Association des randonneurs du Népal.

L'avalanche qui a emporté le groupe du Québec est survenue à Phu, dans le nord du pays.

Le mois d'octobre est le plus populaire chez les randonneurs attirés par l'Himalaya, alors qu'ils s'y présentent par milliers. En avril dernier, une avalanche près du camp de base du mont Everest avait emporté 16 personnes.