Armés de masses et de tronçonneuses, les policiers hongkongais ont de nouveau entrepris mardi de libérer les sites bloqués depuis deux semaines par les manifestants prodémocratie, qui avaient partiellement remonté les barricades enlevées la veille près du siège du gouvernement.

Sous le regard de nombreux curieux et journalistes, des centaines de policiers ont commencé à détruire les amas d'acier, de plastique et de bois érigés sur deux des principaux sites des manifestations, à Admiralty, près du siège du gouvernement, et Causeway Bay, quartier de commerces de luxe prisé des touristes chinois.

A Causeway Bay, des manifestants ont rapporté que les opérations avaient commencé peu après 05h00 heure locale et que les policiers les avaient autorisés à rester sur place, mais les avaient sommés de libérer une des voies principales qu'ils occupaient.

«Ils ont simplement dit que les voitures vont arriver plus tard et qu'ils n'essaient pas de nous déloger. Ils ont dit que nous pouvions rester. Nous devons rester calmes, nous avons environ 15 personnes et il y a plus de 100 policiers ici», a déclaré à l'AFP le manifestant Billy Lee, 36 ans, sur l'une des barricades.

Les manifestants ont établi leur campement sur une grande artère est-ouest, perturbant la circulation habituelle des autobus, voitures et tramways, et provoquant la colère de nombreux habitants qui déplorent les effets sur le commerce.

L'opération d'évacuation menée mardi par la police ne semblait concerner que l'une des voies de circulation de la grande artère transversale, voie qui va vers l'ouest en direction du centre-ville. Les lignes de tramway et les principales voies menant vers l'est étaient encore tenues par les manifestants.

Mafia chinoise 

La police avait commencé lundi à démanteler un des principaux barrages bloquant le quartier d'Admiralty, prenant certains manifestants au dépourvu après la diminution de leur nombre pendant la nuit. Quelques heures plus tard, des dizaines d'hommes masqués et munis de couteaux avaient surgi pour tenter de dégager le site, une grande avenue coupée au milieu par deux voies de tramway.

Des échauffourées y avaient opposé ces hommes aux jeunes protestataires avant l'intervention de la police. Trois assaillants ont été interpellés selon les autorités. Les manifestants ont de nouveau accusé le gouvernement de faire appel aux triades, ces hommes de main de la mafia chinoise montrés du doigt lors d'une opération similaire il y a dix jours dans le quartier de Mongkok, sur la partie continentale de Hong Kong.

Les manifestants ont passé une partie de la journée de lundi à remonter les barricades à Admiralty et à les consolider à Causeway Bay, en coulant des fondations en ciment et en érigeant un mur de bâtons de bambou, de poubelles, de plots et de palettes.

Bravant la tutelle chinoise, les manifestants exigent de pouvoir librement élire le prochain chef de l'exécutif hongkongais en 2017, alors que le Parti communiste chinois (PCC), craignant une contagion revendicative sur son territoire, entend garder la haute main sur le processus électoral.

En août, le comité permanent de l'Assemblée nationale populaire (ANP - Parlement) a entériné le principe «un vote, une voix» tout en conservant le contrôle des candidatures au scrutin.

Les blocages en place depuis le 28 septembre ont fortement perturbé l'activité à Hong Kong et la vie quotidienne des plus de sept millions d'habitants de ce territoire semi-autonome enclavé à l'extrême sud de la Chine, qui connaît sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.