De petits groupes de manifestants prodémocratie occupaient encore la rue mardi à Hong Kong après le feu vert au dialogue donné au gouvernement par les leaders étudiants du mouvement, soumis à la pression de l'opinion pour se disperser.

Quelques centaines de manifestants demeuraient mardi sur les trois sites de la contestation, qui avait vu des dizaines de milliers de personnes descendre dans les rues à partir du 28 septembre.

L'ancienne colonie britannique passée sous la tutelle de Pékin a connu dès lundi une nette reprise de son activité, avec le retour au travail d'un grand nombre de Hongkongais, la réouverture de nombreuses écoles et la fin du blocus du siège du gouvernement, où 3000 employés ont pu retourner à leur poste.

Mais en raison des barrages qui persistaient dans certaines rues, plusieurs lignes d'autobus étaient toujours déviées. La circulation automobile restait en conséquence très dense, avec de nombreux bouchons, et les métros étaient bondés, suscitant la frustration des usagers.

L'ouverture prévue mercredi de la session parlementaire d'automne après trois mois d'interruption a été reportée à la semaine prochaine. «Je ne suis pas certain que le contexte soit serein et sûr autour» du Parlement, a justifié son président, Jasper Tsang.

Des élus du mouvement prodémocratie l'ont accusé de vouloir empêcher un débat public sur les manifestations. «Vous pouvez reporter (les travaux parlementaires) de trois semaines, ça ne changera rien à la colère populaire», a réagi Alan Leong du Civic Party.

Le mouvement a bénéficié d'un large soutien de l'opinion publique, mais après huit jours de paralysie le mécontentement va croissant.

Les étudiants, qui ont rencontré lundi soir un représentant du gouvernement pour des «discussions préliminaires» à l'ouverture d'un dialogue officiel, en ont finalement accepté le principe.

«Nous aurons plusieurs séries de négociations», a expliqué Lester Shum, secrétaire général adjoint de la Fédération des étudiants de Hong Kong, à la pointe de la mobilisation.

Pour sa part, Ray Lau, chargé au gouvernement local des Affaires constitutionnelles et du continent, a exprimé «l'espoir» que puisse «s'exprimer un respect mutuel» lors de ces discussions dont il a souhaité qu'elles puissent s'ouvrir dans le courant de la semaine.

La date et le lieu de l'ouverture des pourparlers qui se tiendront avec la numéro deux de l'exécutif local Carrie Lam n'ont toujours pas été arrêtés.

Hong Kong traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

Si la Chine a accepté d'instaurer le suffrage universel lors de la prochaine élection du chef de l'exécutif du territoire autonome en 2017, elle entend conserver le contrôle des candidatures, une proposition inacceptable pour le mouvement prodémocratie.

Les manifestants réclament aussi en vain la démission du numéro un de l'exécutif Leung Chun-ying, qu'ils considèrent comme la marionnette de Pékin.

Dans des scènes rarissimes à Hong Kong, la police avait fait usage le 28 septembre de gaz lacrymogène contre les manifestants. La presse locale et internationale s'en était émue, en évoquant sans ambages le spectre de la répression du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989 qui, selon des sources indépendantes, avait fait plusieurs centaines et jusqu'à plus de 1000 morts à Pékin, sans compter le reste de la Chine.