Le nombre de manifestants dans les rues de Hong Kong a considérablement fondu, hier, au lendemain d'une mise en garde musclée du chef de l'exécutif, Leung Chun-ying.

Dimanche, le dirigeant de l'ex-colonie anglaise avait affirmé que les forces de l'ordre n'hésiteraient pas à prendre «toutes les mesures nécessaires» pour favoriser un retour à la normale après plus d'une semaine de blocage.

Il est revenu à la charge ensuite en soulignant que le gouvernement et la police «avaient l'obligation de rétablir l'ordre social et de protéger la vie et la propriété de la population».

Les protestataires, qui se comptaient par milliers, voire par dizaines de milliers la semaine dernière, n'étaient plus que quelques centaines en soirée à proximité des bâtiments gouvernementaux, au coeur de la ville.

La baisse du nombre de protestataires a permis à plusieurs milliers de fonctionnaires du gouvernement de reprendre leur travail. Plusieurs écoles ont repris leurs activités même si la circulation demeurait perturbée.

Épuisement

Kris Leung, journaliste et militant qui a suivi de près le mouvement, a affirmé hier que l'épuisement, plutôt que la peur, expliquait la chute du nombre de manifestants.

«Ça fait 10 jours que les manifestations durent. Beaucoup de gens sont fatigués et sont rentrés chez eux pour se reposer», a indiqué M. Leung.

Il a assuré que les protestataires demeuraient déterminés et ne plieraient pas définitivement bagage avant d'avoir eu l'assurance que leurs doléances seraient entendues.

Les manifestants réclament que le chef de l'exécutif de l'ex-colonie soit désigné à compter de 2017 au suffrage universel. Les autorités chinoises ont suscité leur colère en août en annonçant qu'ils conserveraient la main haute sur le processus de désignation des candidats.

Hier, les organisations étudiantes au coeur des manifestations cherchaient tant bien que mal à s'entendre avec des émissaires du gouvernement local en vue de lancer un «dialogue» au sujet de la réforme demandée.

Rien ne laissait cependant présager que le chef de l'exécutif, vu comme la marionnette de Pékin par les protestataires, était disposé à céder du terrain sur ce plan.



Pékin inflexible

Willy Lam, analyste du Centre d'études chinoises de Hong Kong, a déclaré à la chaîne CNBC que le régime chinois, et son président Xi Jinping, rejetterait toute demande à ce sujet.

«Toute concession serait vue comme une humiliation pour lui et une preuve qu'il cède sous la pression. [...] Et ça créerait un précédent dangereux pour d'autres régions de la Chine» où existent des mouvements de contestation, a-t-il noté.

Le Quotidien du peuple, qui relaie les positions du gouvernement chinois, a de nouveau attaqué hier le mouvement de contestation, arguant que ses dirigeants allaient «carrément à l'encontre des principes démocratiques». Le journal avait publié plusieurs articles dénonciateurs au cours de la fin de semaine.

André Laliberté, spécialiste de la Chine à l'Université d'Ottawa, estime que les manifestants ont compris qu'ils ne «pouvaient sortir gagnants» du bras de fer amorcé avec Pékin. Et qu'ils risquaient d'être aux prises à une «escalade» incontrôlable pouvant déboucher sur une répression violente.

Le caractère assez «timide» de la réaction de la communauté internationale aux développements à Hong Kong a sans doute aussi joué dans le processus, juge le chercheur.

«Les critiques à l'encontre de Pékin n'ont pas été très fortes», note M. Laliberté, qui attribue cette réserve à l'importance des liens économiques de nombre de pays avec la Chine.

Le gouvernement chinois a affirmé à plusieurs reprises depuis le début des manifestations que la crise à Hong Kong était, à ses yeux, une «affaire intérieure».