Les opérations de secours ont été suspendues lundi au Japon, 48 heures après une soudaine éruption volcanique dont le bilan s'est encore alourdi avec désormais un total de 36 morts.

Quelque 1160 sauveteurs des services de police, des pompiers et des forces d'autodéfense avaient gravi lundi matin le mont Ontake, situé au centre du pays entre les provinces de Nagano et Gifu.

Cet événement dramatique rarissime, le premier important depuis 35 ans pour ce volcan, a surpris plus de 300 marcheurs et touristes en ce début d'automne particulièrement favorable à la randonnée.

«Les recherches se font par repérage visuel, mais aussi en creusant des cendres», a précisé un militaire, soulignant la difficulté de la tâche.

Les équipes de secours ont finalement été forcées de commencer à redescendre en début d'après-midi lundi, tout comme la veille, à cause d'une trop forte odeur de soufre.

«De la fumée s'échappe encore», a expliqué à l'AFP un responsable de la préfecture de Nagano.

Entretemps, «cinq nouvelles personnes ont été retrouvées en état d'arrêt cardiaque sur la montagne», a confirmé un porte-parole de la police préfectorale.

Ces victimes s'ajoutent aux 19 autres qui se trouvent dans la même situation et ne présentent aucun signes vitaux et aux douze dont le décès a déjà été médicalement confirmé. Dimanche et lundi, seuls ces douze corps avaient pu être pris en charge.

Les pentes du volcan brutalement entré en éruption samedi ressemblent à la surface de la Lune.

«Certaines personnes ont été enterrées dans les cendres jusqu'aux genoux et deux en face de moi semblaient être mortes», a raconté une femme à la chaîne de télévision Asahi.

Seiichi Sakurai, qui travaillait dans un des chalets, a assuré avoir vu, impuissant, certaines personnes enterrées vivantes.

Un autre survivant ne peut oublier les cris d'un garçon gémissant «c'est chaud» et «je ne peux pas respirer!» près du sommet.

«Pour moi, cela s'est joué à une ou deux secondes», a témoigné à la télévision une randonneuse étonnée d'avoir pu s'enfuir alors qu'elle se trouvait quasiment au sommet du volcan, près d'un sanctuaire.

Selon des images d'amateurs tournées dans un chalet, tout est soudainement devenu noir et la panique s'est emparée des personnes à l'intérieur.

«Nous nous sommes réfugiés au sous-sol, car le toit a été soufflé», a relaté à la télévision un jeune randonneur, tandis qu'un de ses compères dit «avoir ressenti la proximité de la mort».

«Il s'agissait d'une éruption de vapeur accumulée au-dessus du magma, mais qui a entraîné des projections de pierres et cendres», a expliqué à la télévision un volcanologue de l'Université de Nagoya.

«J'ai vu des cailloux de très petite taille, mais aussi des rochers d'un mètre de diamètre», a témoigné le militaire cité plus haut.

PHOTO REUTERS

Sept personnes ont été secourues par les hélicoptères des forces d'autodéfense dépêchées sur place dès samedi par le gouvernement.

Situation imprévisible

«Sur les 303 marcheurs qui s'étaient signalés samedi avant de grimper (outre les morts et blessés découverts) nous restons sans nouvelles de plusieurs, et le nombre de disparus pourrait encore augmenter», puisque certains randonneurs ne s'enregistrent pas, a averti le porte-parole du gouvernement lors d'une conférence de presse.

Selon lui, 63 personnes ont par ailleurs été blessées, parfois grièvement.

«Les soldats dépêchés sur place portent des gilets pare-balles, des lunettes étanches et des masques pour éviter l'absorption de poussières», selon un responsable des forces d'autodéfense.

Des cendres ont été repérées dans un large périmètre autour du volcan et les autorités recommandent de porter des masques et de remplacer les lentilles de contact par des lunettes.

«C'était une éruption pour ainsi dire impossible à prévoir, qui a dépassé le niveau de ce que l'on peut anticiper avec nos moyens actuels», a déclaré Toshitsugu Fujii, un expert qui préside une commission de prédiction de l'activité volcanique.

Le mont Ontake, qui était classé avant samedi au niveau 1 sans mise en garde particulière sur une échelle à cinq crans de dangerosité, ne s'était pas réveillé de façon aussi vive depuis 1979. Il avait alors craché plus de 200 000 tonnes de cendres.

L'agence de météorologie a élevé samedi le risque au niveau 3, qui signifie que le danger peut s'étendre jusqu'aux habitations alentour. Une éruption de lave par la suite n'est pas exclue, selon les experts.