Les manifestants prodémocratie de Hong Kong jurent d'occuper le coeur de la ville tant que Pékin ne leur accordera pas les réformes politiques promises après la rétrocession à la Chine de l'ancienne colonie britannique en 1997.

Les quartiers envahis pour la deuxième nuit d'affilée par les manifestants étaient inhabituellement calmes mardi matin et de grandes artères routières d'ordinaire congestionnées étaient presque désertes, abandonnées aux cyclistes et aux piétons.

Les employés gagnaient à pied leur lieu de travail, sous un soleil de plomb, ou prenaient d'assaut les taxis alors que la circulation des bus, des tramways et du métro restait très perturbée.

Lundi soir, plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont une majorité d'étudiants, s'étaient encore rassemblés dans les quartiers d'Admiralty, non loin du siège du gouvernement, Causeway Bay, temple du magasinage, et Mong Kok, en face de l'île de Kowloon, sur le continent.

Ils ont conspué le chef de l'exécutif, Leung Chun-ying, dont l'effigie flanquée de dents de diable étaient promenée dans la foule, réclamé sa démission et scandé les désormais traditionnels slogans d'appel au plein suffrage universel en 2017. On pouvait parfois lire ou entendre des mots d'ordre en français, comme cette banderole brandie par trois jeunes filles reprenant un slogan de mai 1968: «Soyez réaliste, demandez l'impossible».

Mais l'atmosphère était nettement plus détendue que la veille lorsque les forces de l'ordre avaient tenté de déloger les protestataires en tirant des salves de gaz lacrymogène et au poivre.

Malgré l'annonce dans la journée du retrait de la police antiémeute, les manifestants s'étaient confectionné des tenues de combat en revêtant des ponchos en plastique et en s'enveloppant le visage avec du film alimentaire.

«On est en Chine, on ne sait jamais»

«Nous ne pouvons pas nous laisser aller», expliquait à l'AFP un jeune manifestant, Felix Kan. «On est en Chine, on ne sait jamais ce qui peut arriver».

Les étudiants et les lycéens sont le fer de lance de la campagne de désobéissance civile lancée pour dénoncer ce que nombre de Hongkongais perçoivent comme une mainmise grandissante de Pékin sur les affaires locales.

Ils s'insurgent contre la décision de Pékin, annoncée en août, d'accorder le suffrage universel à l'élection du chef de l'exécutif en 2017 tout en gardant le contrôle des candidatures.

Alors que l'organisation prodémocratie Occupy Central semblait avoir jeté l'éponge après cette décision, estimant impossible de tordre le bras au gouvernement chinois, elle est revenue dans la bataille en appelant ses troupes à devancer son mot d'ordre d'occupation du quartier financier, initialement prévue à partir de mercredi 1er octobre.

Occupy Central réclame «le retrait» de la décision de la Chine et «une relance du processus de réformes politiques (...) qui reflète pleinement les aspirations» des Hongkongais».

Sans surprise, Pékin a réagi par la voix de la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, en qualifiant les manifestations d'«actes illégaux qui nuisent à l'État de droit et à la sécurité publique».

Londres, dans un communiqué du Foreign office, a appelé à l'ouverture de discussions «constructives» susceptibles de conduire à «des progrès sensibles vers la démocratie».

Et Washington a appelé les autorités de Hong Kong à faire preuve de «retenue» et «les manifestants à s'exprimer de manière pacifique», selon un porte-parole de la Maison Blanche.